a nouvelle année s’y prêtant, l’annonce de la conversion à la bio du château Clément Pichon (25 hectares en appellation Haut-Médoc) prend des accents de bonne résolution pour calmer les inquiétudes des parents d’élèves de la commune de Parempuyre (dans le Sud-Médoc). Depuis que le projet d’implantation d’un collège sur la commune de Parempuyre est connu, sa proximité avec quatre parcelles du cru bourgeois attise la crainte d'exposer des enfants aux pesticides.
Pour faire retomber la pression, le groupe Fayat a annoncé que sa propriété, le château Clément Pichon, va s’engager dans une démarche de conversion progressive à la viticulture bio dès ce millésime 2019. À commencer par les 5 hectares de vignes qui se trouvent à cinquante mètres du terrain censé accueillir le nouveau collège de Parempuyre. Si le groupe Fayat n’a pas dit son dernier mot concernant l’emplacement du nouveau collège de Parempuyre (voir encadré), sa filiale viticole a fait le choix d'un geste fort, pour mettre un point final à la polémique. Cette issue est une victoire pour les parents d’élèves, qui ont fait monter la pression depuis l’été dernier, et ont réussi à en faire un sujet médiatique national (avec l’ouverture du journal télévisé de France 2 du 2 janvier 2019).


« Nous ne sommes plus opposés à cet emplacement pour le nouveau collège. Quand le château sera intégralement converti, dans trois ans » indique Ludovic Coutant, le cofondateur du collectif de parents d’élève de Parempuyre, Ludon et Macau (réunissant une centaine de parents). Ayant rencontré en septembre dernier les équipes du groupe Fayat, le père de famille se souvient du refus net et catégorique qu’il avait essuyé lors de sa demande de conversion : « leur objectif n’était pas le bio, mais la certification Haute Valeur Environnementale (HVE), qui n’interdit pas le recours aux pesticides de synthèse. Ce qui ne nous convenait pas. »
Désormais rassurés, les parents d’élèves mettent un terme à leur mobilisation, mais pas à leur vigilance. Ayant fait appel à des associations spécialisées dans les phytos pour les aider à obtenir gain de cause, le collectif de Parempuyre leur laisse désormais la main pour suivre la concrétisation de l’engagement du groupe Fayat. « On ne va pas se laisser endormir par des promesses. Nous allons surveiller qu’ils gardent bien le cap annoncé » pose Valérie Murat, la porte-parole d’Alerte Aux Toxiques, qui vient de publier les analyses de résidus phytos du château Clément Pichon 2016 (avec cinq substances actives repérées). Préparant une charte pour le château Clément Pichon, l’activiste estime que cette affaire « doit servir de locomotive pour l’ensemble du bordelais. Le bio est le seul moyen de continuer à travailler dans le respect des enfants, des riverains et des ouvriers viticoles. »
« Si la conversion bio n’est pas effective, nous reprendrons le combat » annonce Ludovic Coutant, qui confirme que « c’est une solution de bon sens. Au-delà du collège, c’est un signal très fort donné à toute la population de Gironde sur les métiers viticoles. » Pas sûr que cette résolution du tout-bio à proximité des écoles et habitations soit partagée par toute la filière bordelaise.
À en croire le groupe Fayat, le projet départemental d’implantation d’un collège à Parempuyre est avant tout un problème juridique. Le terrain qui doit accueillir le nouvel établissement scolaire a en effet été cédé gracieusement par la famille Fayat en 1991 à la commune de Parempuyre. Cette dernière s’engageant à conserver cette zone boisée et non construite. Mais un changement du Plan Local d’Urbanisme (PLU) a changé la donne et ouverte la possibilité de construire un collège sur ce terrain. Estimant que ce nouveau PLU ne lui pas été communiqué, et qu’il ne respecte pas l’engagement pris lors de la donation, la famille Fayat conteste toute implantation d’un collège à cet endroit. Un porte-parole du groupe indique que la métropole bordelaise va être assignée pour ce changement de PLU.
Les longs blocages administratifs qui sont à attendre de ces procédures pourraient remettre sur la table le projet original d’agrandissement du collège de Parempuyre en lieu et place de celui existant. Mais cette alternative pose également la question de trouver un lieu d’accueil, qui conviennent à toutes les parties, aux modules temporaires servant de salles de classes et de cantine le temps des travaux.