n avril 2018, des scientifiques de l’Inserm, du CNRS et de l’Inra tiraient la sonnette d’alarme. Dans une Tribune publiée dans le journal « Libération », ils avançaient que l’utilisation des fongicides de la famille des SDHis présentent un risque potentiel pour la santé humaine.
Dans l’article, les chercheurs expliquaient que ces fongicides bloquent la respiration des cellules des champignons en agissant sur la succinate déshydrogénase (SDH), une enzyme que l’on trouve aussi chez l’humain. Or selon eux, des anomalies de son fonctionnement chez l’Homme peut entraîner des encéphalopathies et certains cancers. Suite à cette alerte, l’Anses a donc immédiatement constitué un groupe d’experts indépendants afin d’examiner les éléments évoqués par ces scientifiques et déterminer s’il y a effectivement un risque sanitaire lié à l’utilisation de ces produits en agriculture.
L’Agence vient de rendre les conclusions de cette expertise. « L’ensemble de ces travaux n’apporte pas d’éléments en faveur de l’existence d’une alerte pour la santé humaine et l’environnement en lien avec les usages agricoles de ces fongicides qui pourrait justifier la modification ou le retrait des autorisations de mise sur le marché », indique le rapport.
Selon les experts « le niveau des expositions alimentaires totales rapportées aux seuils toxicologiques actuellement établis est faible et les dépassements de limites maximales de résidus pour ces substances actives sont exceptionnels. De plus, ces substances sont rapidement métabolisées et éliminées. Enfin, au regard des sources consultées, il n’a pas été identifié de données suggérant une augmentation de l’incidence des cancers spécifiques associés au déficit en SDH, chez l’Homme non porteur de mutation (chez les professionnels exposés par exemple), malgré une commercialisation parfois ancienne de ces molécules SDHI, ni de données suggérant un impact pour les organismes de l’environnement ».
Toutefois, l’Anses estime que le dossier n’est pas clos et poursuit les investigations.
Les fongicides de la famille des SDHIs sont homologués sur de nombreuses cultures. En vigne, il s’agit des produits à base de boscalid, fluopyram, fluxapyroxade, isofétamide.