’est un seuil symbolique. Passant en dessous des 20 litres par habitant et par an, la consommation argentine de vins atteint un minimum historique selon les statistiques de l’Institut Argentin de la Vitiviniculture (INV). Culminant à 98 l/hab en 1970, ce volume par tête n’a cessé de chuter avec constance depuis. Tombant désormais à 19,5 l/ha en 2018.
Depuis les années 1970, « chaque litre qui est perdu ne sera jamais retrouvé » rapporte, non sans fatalisme, le site iProfesional. Si, comme en France, la consommation argentine est devenue plus qualitative et moins quantitative, cette perte de 80 l/hab en cinquante ans s’explique aussi par la concurrence d’autres boissons alcoolisées, plus abordables alors que le pouvoir d’achat argentin pâtit de la dévaluation du peso face au dollar.
Consommateurs traditionnels de vin, les Argentins privilégient désormais la bière. En 2003, les niveaux de consommation de la bière et du vin se sont croisés, la première continue de croître quand le second ne cesse de baisser. Désormais, un Argentin consomme en moyenne 32 litres de bière par an. Ce qui s’explique en partie par leur meilleure compétitivité. D’après les observatoires argentins de prix à la consommation, le coût d’une bouteille de vin moyen de gamme est en moyenne de 140 pesos, quand celui d’une bouteille de bière de 50 cl est de 36 pesos (respectivement 3,3 et 0,85 euros).
« Le problème ne vient clairement pas de la bière. Il est facile de rejeter la faute sur les autres. Mais nous devons nous regarder en face » critique, anonymement, le directeur commercial d’une importante bodega chilienne, cité par le site iProfesional. Pour l’expert, la chute de la consommation de vins génériques est due à un manque d’innovation dans la communication et la production. « Ils vendent en tetrabrick depuis 40 ans, ils n’ont pas fait le saut qualitatif attendu » tranche-t-il. Selon son pronostic, la consommation argentine de vin devrait donc encore baisser fortement dans les prochaines années.