ans le vignoble argentin, « l’année 2017 est passée sans le moindre signe de croissance pour le vin » résume, amèrement, le quotidien Los Andes, pour qui la filière ne souhaite désormais plus qu’une chose : oublier et passer à autre chose. Il faut reconnaître que, d’après les premières estimations de l’Institut National de la Vitiviniculture, la chute a été rude. En 2017, l’Argentine n’a exporté que 2,12 millions d’hectolitres de vin, en repli de 18 % par rapport à 2016. Connaissant une hausse de ses cours et une baisse de ses disponibilités, le vrac argentin affiche une baisse de 44 % de ses exportations (à 30 millions de litres). Les moûts affichant dans le même temps une chute de 50 % de leurs expéditions.
Subissant le contrecoup de deux petites récoltes successives (2016 enregistrant une vendange historiquement basse), la filière argentine pâtit également de sa chute de compétitivité (liée aux hausses du coût du travail, du prix des matières premières…).
Ce contexte a incontestablement profité au voisin chilien, qui a vu ses expéditions vers l’Argentine exploser. Sur les neuf premiers mois de 2017, l’Observatoire Espagnol du Marché du Vin rapporte que les expéditions chiliennes de vrac ont été multipliées par 1 400 en un an (pour atteindre 640 000 hectolitres). Si l’Argentine est devenue la première destination du vrac chilien, le Chili n’y expédie que 10 % de ses volumes. La Chine et les États-Unis restent les premiers marchés chiliens.
Mais la tendance a alarmé les opérateurs argentins, qui dénoncent une concurrence déséquilibrée de leur voisin et un manque de patriotisme des négociants et distributeurs allant s’approvisionner de l’autre côté de la frontière. Ces tensions rappellent celles qui persistent entre filière languedocienne et vrac espagnol.


Préférant oublier 2017, le vignoble argentin se projette sur 2018 avec autant d’espoirs que de confiance. Les premiers pronostics de vendanges tableraient sur 23 millions de quintaux de raisins, soit une hausse de 18 % par rapport à 2017. Soit la possibilité de retrouver des stocks et prix rassurants pour les marchés. « Il y a de meilleures perspectives en 2018 et 2019. Il faut maintenant baisser la pression fiscale et travailler sur les questions de logistiques et de baisse des coûts » demande Mario Giordano, le directeur de Wines of Argentina, interrogé par Los Andes.