t si le principal bastion du Bordeaux bashing se trouvait… à Bordeaux ? « Les consommateurs [français] ont une bien meilleure opinion des vins de Bordeaux que les professionnels [girondins] ne le croient. Et plus les viticulteurs sont engagés dans des pratiques environnementales, plus ils en sont persuadés. Ils se flagellent… » résume Florence Gramont de l’Institut de sondage BVA, présentant des résultats inédits lors du dixième forum environnemental de la filière girondine, ce 6 décembre au palais des Congrès de Bordeaux.
Commandités par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), deux sondages croisés ont été réalisés sur internet cette fin d’année auprès de 1 000 consommateurs de vin* (représentatifs de la population française) et de 429 professionnels bordelais (adhérents de l’interprofession : 371 viticulteurs, 34 coopératives et 21 négociants). Pour les consommateurs, la perception des vins de Bordeaux est bonne, avec une note spontanée de 7,4/10 en moyenne (dont 28 % des sondés notant entre 9 et 10/10). Les professionnels sous-estiment cette perception favorable des consommateurs, estimant qu’ils sont notés… 6/10 en moyenne (avec seulement 3 % entre 9 et 10/10). Les producteurs et metteurs en marché jugent que leur mauvaise réputation environnementale leur porte un fort préjudice.
Pour les consommateurs, les vins bordelais sont portés par une image conviviale et une tradition rassurante, tandis qu’il faut renforcer la perception du rapport qualité/prix. Seuls quatre points sont mal notés, et concernent les engagements environnementaux : préserver la santé et le bien-être des riverains et employés, respecter la biodiversité, bien rémunérer les acteurs et limiter l’empreinte environnementale. Si ces éléments sont perçus par les professionnels bordelais, ils ont cependant peu d’influence sur le jugement global des consommateurs souligne Florence Gramont.
Pour séduire davantage le marché, l’institut de sondage souligne que si les exigences environnementales des consommateurs sont éclectiques (réduction du désherbage, diminution des sulfites, interdiction des phytos à fort impact…), la quasi-intégralité des consommateurs (98 %) approuve le projet de démarche RSE du CIVB (qui vise 100 % d’engagement en 2025) et souhaite en être informé (notamment par logo). Florence Gramont précise que les professionnels girondins sont déjà engagés dans des techniques durables (80 % réduisent les phytos à fort impact) et en envisagent d’autres (ainsi, 38 % des sondés envisagent de planter des cépages résistants sous 3 ans). Désormais, il reste à le faire savoir, pour que les perceptions se rejoignent.
* : Ayant consommé au moins une fois un verre de vin dans l’année écoulée.