Car en matière de disponibilités, les cartes étaient déjà jouées : on sait que, globalement, il ne manquera pas de vins sur le marché mondial, d’autant plus que les estimations de récolte officielles dans certains pays pourraient même s’inscrire en-deçà de la réalité. C’est donc un scénario à contre-courant de celui de l’an dernier qui a caractérisé l’édition 2018, marquée notamment par l’attentisme des acheteurs et un sentiment de concurrence renforcé du côté de la production. A fortiori, lorsqu’on sait que la qualité des vins dans les principaux pays producteurs s’avère plutôt hétérogène cette année. La possibilité de pouvoir déguster « près de 80% de la récolte mondiale sur un seul et même lieu », comme le soulignaient les organisateurs, était donc un atout majeur, surtout que la campagne n’a pas encore démarré. Pour cette raison, la Silent Tasting Room – espace dédié à la découverte de plus de 400 échantillons de vins en libre accès – n’a pas désempli pendant les deux jours du salon.
Les Asiatiques très présentsLa présence de trente exposants de plus qu’en 2017 pour un total de 250 issus de 22 pays – avec, soulignons-le, une délégation moldave forte de 17 entreprises – témoignait bien du renforcement de la concurrence sur un marché du vrac devenu incontestablement plus professionnel. Côté visiteurs, les 6 500 professionnels comptabilisés par les organisateurs révélaient à quel point ce marché s’est mondialisé, les acheteurs ayant fait le déplacement depuis 75 pays, allant des plus classiques aux plus inattendus, parmi lesquels l’Arménie, l’Ouzbékistan et l’Egypte. Plus marquante encore, la présence très visible d’acheteurs asiatiques due au rôle de plus en plus important joué par la Chine. D’ailleurs, il a été annoncé la création d’une rencontre jumelée entre la World Bulk Wine Exhibition et Yantai en Chine, prévue les 30 et 31 mai 2019, afin de favoriser les liens entre producteurs chinois et internationaux.
Un lieu d’échangesAu-delà des éléments conjoncturels, la WBWE a fêté ses dix ans avec une série de conférences de haut vol animées par des intervenants de renommée internationale tels Robert Joseph et Deborah Parker Wong. Inaugurées par le tout nouveau directeur général de l’OIV Pau Roca, les conférences ont permis d’explorer toutes les facettes du marché du vrac et surtout d’identifier à la fois nouvelles tendances et opportunités, dont les assemblages en rouge notamment aux USA ou les bag-in-box, un créneau encore bien porteur d’avenir. Réunissant plusieurs Masters of Wine, parmi lesquels Elizabeth Gabay et Jo Ahearne, les ateliers « Art de l’Assemblage » ont dévoilé les techniques les plus appropriées pour réussir l’une des stratégies clés du marché du vin en vrac à l’heure actuelle. Enfin, le concours international des vins en vrac, seule compétition en son genre au monde, a réuni 26 dégustateurs en provenance de 20 pays pour évaluer près de 200 échantillons en lice. A cette occasion, cinq grandes médailles d’or ont été décernées, dont une à la société française Anagram pour son Côtes du Rhône 2016. Si ce prix risque d’en laisser dubitatifs certains, la même société s’est également distinguée comme étant le seul représentant français à se voir décerner une médaille d’or, parmi les 17 lauréats, cette fois pour son IGP Pays d’Oc rosé 2018. Une distinction sans doute de bon augure pour la reprise de l’entreprise rhodanienne par Labruyère Développement & Industries.