Recrutement vendangeurs 2018
Six raisons pour lesquelles cela a été plus difficile cette année

Cette année les vignerons ou les domaines se sont plaints de leur difficulté à trouver des saisonniers pour les vendanges 2018. Voici des pistes d'explications possibles, venant de Bourgogne et de Champagne.
Cueilleurs, porteurs, chauffeurs, personnel de cuverie... Le nombre de postes à pourvoir pendant les vendanges est immense et la période est bien courte. En Champagne par exemple, on estime à 120 000 le nombre total de personnes mobilisées pour cette opération. Cette année plus que les précédentes, les vignerons et les responsables de domaines ont eu des difficultés pour trouver le personnel dont ils avaient besoin.
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« C'est un enchaînement de plein de petites choses », explique Mélanie Grandguillaume, juriste à la Confédération des vignerons de Bourgogne (CAVB).
1. Parmi les raisons identifiées, la connaissance de moins en moins bonne des métiers liés à la vigne, par le grand public, cumulée à une dépréciation et un manque d'attractivité de ces derniers ; une tendance d'ailleurs généralisable aux autres travaux en vert de la vigne et encore plus largement aux métiers manuels.
2. Autre explication avancée : « La date, démarrée vers le 20 août en Champagne. Les gens étaient en congés. La récolte a par ailleurs été abondante, donc plus de personnel a été nécessaire, sur une plus longue durée », témoigne Christophe Perret, président de la délégation employeurs au Syndicat général des vignerons (SGV).
3. La réglementation met également des bâtons dans les roues : les jeunes de 16-18 ans pourraient venir le week-end travailleer, mais n'en ont pas le droit ; ils ne peuvent pas enchaîner avec une semaine de cours.
4. La rentrée étudiante se fait par ailleurs de plus en plus tôt, désormais tout début septembre ; cette population est donc de moins en moins disponible.
5. Parmi les autres arguments avancés, le durcissement des conditions d'hébergements, qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui, progressivement fait évoluer les habitudes des vignerons. Ainsi, de moins en moins offrent cette possibilité de logements aux vendangeurs. « En Champagne, on est passé de 80% à moins de 20% qui en proposent », poursuit Christophe Pernet. Pour ceux qui viennent de loin, comme des pays de l'Est de l'Europe, le salaire touché ne suffit pas si un logement doit être payé en plus. « Cela ne vaut pas le coup pour eux de venir, surtout pour quelques jours ».
6. Embaucher de la main d'oeuvre étrangère, qui reste le recours possible, est aussi extrêmement compliqué et stressant pour les vignerons, car impliquant des lourdeurs administratives plus ou moins complexes en fonction des pays d'origine.
Ces derniers font par conséquent de plus en plus appel à des prestataires de service, une activité en plein développement. Ces derniers proposent des salariés pour majorité venant des pays de l'Est de l'Europe. « Certains disposent d'équipes de 600 à 800 personnes. C'est vrai que sans eux, les vendanges seraient compliquées », indique le champenois.