our les chercheurs de l’université d’Adelaïde, en Australie, l’ombrage des vignes semble un bon moyen d’obtenir des vins moins alcoolisés sans pour autant modifier profondément leurs autres caractéristiques. Trois ans de suite, sur deux sites différents, ils ont ombragé des syrahs de la véraison jusqu’à la vendange. Avant la véraison, ces vignes étaient normalement exposées au soleil. Les chercheurs avaient déjà lu des résultats d’essais d’ombrage précoces -dès le débourrement ou la floraison- très défavorables à la qualité des vins. Ils ne voulaient pas renouveler de telles expériences.
A la véraison, ils ont accroché un filet interceptant 62 % de la lumière solaire 50 cm au-dessus des vignes, laissant l’air circuler librement en-dessous. A la vendange, ils ont récolté des raisins un peu plus acides et un peu moins riches en composés phénoliques. Mais surtout bien moins riches en sucres.
En 2014, ils ont vendangé un des deux sites à deux dates différentes : 96 jours et 118 jours après la pleine floraison. Lors du premier passage, ils ont récolté un vin à 13 % vol. dans la partie ombragée contre 16,4 % vol sur les vignes en plein soleil. Au second passage, l’écart a nettement diminué : 13,9 % vol. à l’ombre contre 16,5 % au soleil. Ces vins n’ont pas été dégustés, seulement analysés.
L’ombrage a réduit la sécheresse de l’air et la température maximale journalière de 2,2 °C en moyenne. Moins stressées, les vignes ont assimilé davantage de CO2, particulièrement les jours où la température a dépassé 40 °C. Leurs feuilles sont restées plus riches en chlorophylle. A la récolte, leurs baies étaient moins déshydratées, ce qui explique leur moindre richesse en sucres. Mais comme la végétation est restée plus active, la richesse en tanins et en anthocyanes est moins affectée.
Les chercheurs ajoutent que l’ombrage est sans effet sur les rendements, ni sur la vigueur. Auraient-ils trouvé une bonne parade au réchauffement ? Après cette année caniculaire, leurs observations ne manqueront pas d’intérêt.