ingt-deux heures et des brouettes. Une drôle d’heure pour se retrouver à cent viticulteurs dans les vignes ? Pas tant que ça ! Ampélys avait à dessein choisi d’inviter ses clients après la tombée de la nuit pour qu’ils puissent juger de la qualité du travail de trois pulvérisateurs en service actif chez trois viticulteurs.
Le 28 juin, ce distributeur organisait une soirée Opti-pulvé sur une parcelle de Clément Bohn, à Ingersheim, à deux pas de Colmar. Le propriétaire des lieux, coopérateur sur 24 ha, est là avec son appareil à jet porté, un Lochmann dont il a rabaissé la voûte de vingt centimètres afin de mieux diriger le flux sur la végétation. Son confrère Daniel Meyer, vigneron indépendant sur 7,5 ha à Katzenthal avait amené son pneumatique Tecnoma. Et Murielle Meyer, du domaine Théo Meyer, vigneron indépendant sur 13 ha à Ammerschwihr, avait prêté son jet porté Vicar âgé de quinze ans. Trois appareils conformes à la réglementation couvrant directement deux faces par passage.
22 h 20, les trois pulvés sont prêts. Leur cuve est remplie d’un mélange d’eau et de fluorescéine, un colorant inoffensif mais extrêmement puissant qui se révèle d’un vert pâle mais brillant lorsqu’on l’éclaire d’une lumière ultraviolette. C’est un peu le « clou » de la soirée.
Simultanément, les trois chauffeurs lancent leurs machines. Les viticulteurs leur emboitent le pas se répartissant dans les rangs. Chaque groupe est accompagné d’un technicien qui braque une lampe torche à lumière ultra-violette sur le feuillage, puis sur les grappes faisant apparaître un mouchetage de taches : c’est la bouille qui couvre la végétation. Mais comme celle-ci sèche rapidement, le taches s’estompent en moins de deux minutes. Heureusement, le technicien a son truc pour les faire réapparaitre : il pulvérise un peu d’eau sur les vignes.
« L’objectif n’est pas de comparer les appareils entre eux, mais de montrer où sont les impacts afin que les vignerons sa fassent une idée de la qualité de la pulvérisation », indique Lylian Grand, technicien chez Syngenta, un des partenaires de la soirée.
Tous se prennent au jeu. Tous scrutent la végétation, à la recherche d’éventuels « trous » ou de « zones mal traitées ». Gagné. Ils sont plusieurs à repérer que le Vicar a oublié la partie haute d’un côté du rang alors que l’herbe est tapissée de fluorescéine. « L’appareil n’est peut-être pas réglé pour des vignes écartées de deux mètres », hasarde un homme dans le noir. Eh non ! Ce n’est qu’une fausse alerte. Le chauffeur a omis de mettre son ventilateur en route ! Son second passage est plus concluant. Cette fois son appareil s’avère aussi performant que le pneumatique et que l’autre jet projeté.
Mis à part cet incident, les participants sont plutôt rassurés par les résultats. A commencer par Daniel Meyer. « Mon pneumatique date de 2005. Je me demandais s’il réalise encore un travail correct. A 5 km/h, c’est le cas. Mais pas à 7,5 km/h. Lors de mon second passage, j’ai roulé à cette vitesse. Des grappes n’ont pas été touchées. Au quotidien, on est souvent tenté d’aller plus vite. Mais ça ne sert à rien sauf à mettre la qualité et le rendement en danger. C’est l’enseignement de la soirée pour moi ».
Arnaud Bohn, fils de Clément, se félicite d’avoir adopté six buses identiques sur toute la hauteur de son Lochmann. « J’ai pu réduire la pression de travail de 13 à 11 bars tout jugulant la forte pression mildiou cette année. Avec la fluorescéine, je vois que la bouillie traverse bien le rang. La turbine est assez puissante pour traiter deux rangs par passage ».


« C’est une bonne expérience » enchaîne Thomas Butterlin, vigneron indépendant sur 7 ha, venu en « curieux » de Wettolsheim avec deux amis. « Quand je traite, j’imagine que mon produit est bien réparti. Mais je ne le vois pas. Ce soir, j’ai pu visualiser les gouttelettes sur le plan de palissage. A mon avis, le jet porté procure le travail le plus homogène. Cela me conforte. J’en utilise un chez moi ».
Un point que l’expérience n’a pas permis de creuser. En effet, si elle a montré que les trois pulvérisateurs couvrent bien la végétation, elle n’a pas mis en lumière la dérive des produits. C’est sans doute le seul regret des vignerons qui ont besoin de connaitre la dérive dès lors qu’ils ont des parcelles proches d’habitations.