La dégustation à l’aveugle n’est pas un canular. Les dégustateurs formés obtiennent de meilleurs résultats que des réponses données au hasard » posent les chercheurs Qian Janice Wang et Domen Pre?ern, des départements de psychologie expérimentale et de Chimie de l’Université d’Oxford. Récemment publiée par l’Association Américaine des Économistes du Vin (AAWE), leur étude prend des précautions pour mieux dynamiter l’idée qu’il suffit de déguster à l’aveugle pour gagner en compétence. La réalité est évidemment plus compliquée.
Avec l’expérience, « les dégustateurs augmentent l’exactitude de leurs pronostics sur les cépages. Mais leurs suppositions sur les origines restent stables, tandis que celles sur les millésimes perdent en justesse. [Comme si] les dégustateurs gagnaient en confiance et faisaient plus d’erreurs en proposant de plus en plus de millésimes » résument les chercheurs anglais. Qui supposent que « l’acquisition d’une expertise en dégustation à l’aveugle est probablement une démarche de long terme, qui prend plus de 4 semaines. […] Ainsi, il est possible que si la reconnaissance des cépages peut être rapidement acquise (au moins dans une certaine mesure), apprendre à correctement déduire un pays et une région d’origine est une tâche qui demande davantage d’entraînement et d’expérience. »
Ces résultats se basent sur les notes de 15 dégustateurs* de l’Oxford University Blind Tasting Society, rassemblés à l’automne 2017 lors des 18 séances de préparation avant la compétition avec leurs homologues de Cambridge. Ayant dégusté 212 vins sur une période d’un mois, les dégustateurs devaient à chaque fois indiquer les principaux cépages, les pays d’origine, les régions, millésimes et indiquer leurs préférences.
* : Il s’agit de 3 femmes et 12 hommes, âgés de 19 à 32 ans, étant soit novices, soit experts en dégustation.