'expérimentation a commencé à l'issue des vendanges 2017, sur de petites quantités de marcs et lies. Environ 200 kg ont été mis de côté et envoyés en Belgique à un laboratoire équipé d'un méthaniseur expérimental. Ce dernier incorpore chaque jour une « ration » de 550 grammes, composée à 82% de marcs préalablement épépinés, 12% de fumier et 6% de lies de vins. « Cela ne pourrait pas fonctionner avec un seul gisement », précise Thierry Mothe, vigneron et président du groupe de travail.


L'idée consiste à évaluer la « digestibilité » et le rendement de ces sous-produits, le biogaz produit par voie liquide étant du méthane. Ce dernier est ensuite épuré, notamment du H2S provenant du sulfitage pratiqué lors des vinifications. Hormis cette petite difficulté, les résultats obtenus sont jusqu'à présent « bons, supérieurs aux autres gisements agricoles ». A titre indicatif, 1 tonne de "ration" permet de produire environ 80 « normo m3* » de gaz. « Mais nous sommes à mi-parcours et attendons les résultats finaux », tempère le vigneron. L'expérimentation doit en effet durer 6 mois, soit jusqu'à fin juillet 2018.
La région Bourgogne Franche-Comté s'appuiera ensuite sur ce rapport d'étude pour décider ou non de subventionner le projet, chiffré à 3 millions d'euros. Si les résultats continuent d'être au rendez-vous et que les vignerons obtiennent les financements suffisants, un méthaniseur de grande envergure, couplé à un épépineur et une chaudière, devraient ainsi voir le jour d'ici 2021 ou 2022 dans le vignoble.
L'objectif est pour les vignerons de pouvoir y envoyer la totalité de leurs sous-produits de vinification, sans frais, et remplacer ainsi leur traditionnelle livraison par camion à la distillation, qui se situe loin du vignoble. Entre 8000 et 12000 tonnes sont potentiellement concernées, selon les années de récoltes. L'objectif est de faire fonctionner le méthaniseur 365 jours par an, à raison de 30 à 35 tonnes par jour « absorbés ».


Pour conduire ce projet, la commission « méthaniseur » de la FDAC s'est associée à un bureau d'études, S3D, basé à Nantes, ainsi qu'à la Chambre d'agriculture de l'Yonne.
(*Le normo mètre cube, de symbole Nm3, est une unité de mesure de quantité de gaz qui correspond au contenu d'un volume d'un mètre cube, pour un gaz se trouvant dans les conditions normales de température et de pression - source wikipédia)