a Commission européenne a plaidé mercredi pour une baisse «d'environ 5%» des fonds alloués à la Politique agricole commune (PAC) et à la politique de cohésion de l'UE, consacrée aux régions les plus pauvres, dans une proposition de budget pour la période 2021-2027.
Il s'agit d'une «réduction modérée du financement de la Politique agricole commune et de la politique de cohésion, de 5% environ dans les deux cas, afin de tenir compte de la nouvelle réalité d'une Union à 27», a fait valoir la Commission dans un document de présentation.
Le commissaire en charge du Budget, Günther Oettinger, a ensuite confirmé devant la presse le chiffre global de la baisse pour la PAC, en ajoutant que les aides directes aux agriculteurs ne seraient visées que par une baisse de 4%.
Selon les calculs de Farm Europe, la proposition de la Commission baisse le budget de la PAC à 30.4 % du budget européen, contre 37 % actuellement. Si cette proposition est acceptée par les Etats Membres et le Parlement europée, elle "reviendrait à faire baisser de 7.2% la valeur du budget de la PAC au cours des sept prochaines années, et une baisse de 11.2% en 2027. L'impact sur les paiements directs auxquels la coupe budgétaire serait affectée serait considérable, avec un manque à gagner pour les agriculteurs de 10 % sur la période et de 15 % en 2027" analyse Farm Europe.
La France a déjà vivement réagi, assurant qu'elle «ne pourra accepter aucune baisse de revenu direct pour les agriculteurs», dans un communiqué du ministère français de l'Agriculture.


"Cette annonce est brutale" a fustigé Thierry Coste, président du groupe de travail vin du Copa/Cogeca. Ce dernier dénonce l'illogisme qu'il y a entre une volonté de faire de l'agriculture européenne, une activité en pointe sur le plan environnemental et la baisse de financement proposée. "Nous avons des demandes sociétales fortes pour réinventer une viticulture durable, volonté partagée par la viticulture européenne. Pour cela, il faut des budgets adaptés et innovants." explique-t-il. Selon lui, si cette proposition est retenue, cela remettra en question les orientations voulues et se traduira par la perte de compétitivité d'une filière fortement contributive à l'économie viticole. "Ce pourrait être un scénario catastrophe" alerte-t-il, tout en espérant que les Etats membres ne suivront pas la proposition de la Commission.
De son côté, le président d'EFOW, Bernard Farges juge la baisse "drastique". "Tout dépendra de comment cette réforme sera mise en oeuvre. Nous savions que le budget de la PAC serait en baisse, tout l'enjeu est de voir comment on fait mieux avec moins. Cela veut dire faire plus simple, plus efficace et économiquement plus performant. Cela passe notamment par le développement rural".
Les propositions de la Commission pour le prochain cadre financier pluriannuel de l'UE vont désormais faire l'objet d'une négociation entre les Etats membres --qui doivent trancher dans ce dossier à l'unanimité-- et le Parlement européen.