e mardi 27 mars 2018 se tenait une réunion entre des responsables professionnels de la viticulture bourguignonne (CAVB) et les différents services de l'Etat de Côte d'Or : préfecture, gendarmerie, pompiers, etc. L'objectif : bien « cadrer » les choses concernant la lutte anti-gel par brûlage de la paille, dans l'objectif que tout se déroule sans anicroche au cas où les vignerons aient besoin d'y avoir recours. L'arrêté préfectoral datant d'août 2017 interdit le brûlage des végétaux à l'air libre mais prévoit une dérogation pour les vignerons en cas de risque de gel ; ces derniers sont donc autorisés à utiliser cette méthode, mais sous certaines conditions seulement.
Elles sont au nombre de 4 : gel avéré, quasi-absence de vent (<20 km/h), pas de pic de pollution aux particules fines et enfin, surveillance constante des feux allumés avec, à disposition, un moyen d’extinction. Les vignerons seront par ailleurs tenus de communiquer à la préfecture et pompiers les jours, heures et emplacements précis de ces feux, afin que ces derniers puissent, le cas échéant, mettre en place une signalétique appropriée pour les automobilistes.
Malgré le fait que l'efficacité de ce mode de lutte ne soit pas avérée (voir notre article « appel à la vigilance de 3 spécialistes »), une douzaine d'ODG d'appellations de Côte d'Or ont en effet l'intention d'y avoir recours en cas de risque de gel dans les semaines à venir. C'est, par exemple, le cas de Marsannay, qui a opté pour cette technique pour la première fois cette année, après deux années critiques : « En 2016, cela a été la catastrophe et l'an dernier, on l'a frisée. Alors pour 2018, on a décidé de ne plus rester les bras croisés, en passant des nuits blanches en attendant de savoir si cela va geler et en priant que l'on passe à côté », témoigne Réjane Guyot, viticultrice qui a organisé la mise en place du dispositif sur son appellation.
Cette dernière a réservé il y a plus d'un mois auprès d'un marchand de paille environ 200 ballots. A raison d'une botte tous les 100 mètres, l'ODG prévoit la « couverture » d'une surface de 300 ha, grâce aux fumées censées protéger les bourgeons des rayons du soleil. La zone couverte concerne le secteur le plus gélif de la Côte et reste éloigné des habitations. Le choix pour cette méthode s'est fait après avoir « étudié toutes les solutions », en tenant compte de leurs coûts et résultats : « Il ne restait possible que l'hélicoptère ou la paille. Le vote s'est porté sur la paille, une technique qui a bien fonctionné l'an dernier sur l'appellation Gevrey-Chambertin », explique la viticultrice.
Le risque de gel court généralement de la mi-avril à la fin mai, en fonction du stade de développement de la vigne. A ce jour, la végétation n'est pas particulièrement « en avance », avec des bourgeons non encore débourrés, ce qui est plutôt de bon augure.