Trois experts de la protection contre le gel issus de trois vignobles, Christine Monamy pour la Bourgogne (BIVB), Basile Pauthier pour le Champagne (CIVC) et Anastasia Roque pour le Val de Loire (Chambre d'agriculture 37), ont souhaité s'unir pour « rétablir la vérité » au sujet des moyens de lutter contre le gel. Cette prise de parole commune fait suite à la diffusion de plusieurs articles de presse contenant des « fausses informations » sur ce thème, publiés récemment dans la presse (voir encadré).


Le premier article en cause date de février 2018 et a été repris par un grand nombre de médias nationaux et locaux : la mise au point en cours d'un nouveau « produit miracle » contre le gel, le « MO2 ». « Les journalistes ont repris une dépêche AFP telle quelle, sans aucun recul ni recherche complémentaire, déplore Basile Pauthier, qui a reçu de nombreux messages et questionnements de la part de vignerons suite à sa diffusion. J'espère qu'ils ne se baseront pas là-dessus, mais il existera toujours des personnes pour croire au messie... », poursuit celui-ci. Plus généralement et avec les gels successifs de ces dernières années, ces spécialistes de la lutte anti-gel ont pu constater que de « nombreuses sociétés se sont engouffrées dans la brèche » en proposant aux vignerons de nouvelles solutions n'ayant pas fait l'objet de réelles expérimentations. « Il faut prendre des précautions si vous en testez, prévient Anastasia Roque. Attention aux solutions miracles et peu chères ».
Mais l'article qui a mis le feu aux poudres reste celui paru en mars 2018 dans le Bien Public, un quotidien de Côte d'Or très lu des vignerons. On peut y lire que l'efficacité des feux de paille contre le gel atteint un taux de 95%, selon des propos soi-disant tenus par Basile Pauthier. « Ces énormités m'ont fait bondir », réagit Christine Monamy, du BIVB, qui a aussitôt prévenu ses confrères. « Son efficacité ne peut pas être prouvée car nous ne pouvons pas avoir de parcelle témoin. Et s'il y a du vent, cela ne peut pas fonctionner, tient à rectifier l'intéressé. C'est un moyen que je déconseille, d'autant plus qu'il génère de la pollution et reste interdit ».


Dans le Val de Loire, le discours est encore plus tranché : « Je freine beaucoup l'utilisation de la paille, car elle n'amène pas une réelle efficacité, avec un effet très limité, voire nul, la préfecture déconseillant par ailleurs cette pratique », commente Anastasia Roque...Un message de « mise en garde » d'autant plus nécessaire qu'un certain nombre d'ODG du Val de Loire et de Bourgogne ont récemment « refait leur stock » de bottes de paille, en vue d'un éventuel risque de gel au printemps prochain, restant convaincus de la bonne efficacité de ce moyen de lutte.
Face à ces fausses croyances ou informations, ces trois experts encouragent donc vivement les vignerons à prendre avec plus de prudence ce qu'ils peuvent lire ou entendre sur ce sujet du gel, dont les médias raffolent actuellement. Les seules sources fiables restent celles communiquées par les organismes « référents » eux-mêmes, qui se basent sur de véritables expérimentations : « Ne prenez pas tout au pied de la lettre : il faut parvenir à démêler le vrai du faux en vous appuyant notamment sur des documents ou études sérieuses sur les différents moyens de lutte qui ont été testés », confirme Basile Pauthier. Ce dernier se déclare par ailleurs prêt à se rendre disponible pour les vignerons qui auraient d'éventuels besoins d'appui technique.
Si vous souhaitez télécharger la brochure technique APCA.
Si vous souhaitez consulter l'étude régionale sur les aléas climatiques de la Chambre d'agriculture 37.