Vignoble bordelais
Pourquoi les traitements ne peuvent être obligatoirement bio à proximité des écoles

Pour calmer un débat qui s’envenime, la préfecture de Gironde explique que la réglementation actuelle ne lui permet pas de distinguer les pesticides dans son arrêté sur les sites sensibles.
Ayant présenté leurs arguments lors du dernier Cash Investigations, les antiphytos bordelais battent le fer tant qu’il est chaud et redemandent à la préfecture de durcir son arrêté de 2016, qui encadre les traitements en bordure des zones sensibles (écoles, garderies, maisons de retraite…). Ce 7 mars, onze organisations* se sont ainsi réunies sur la place du marché de Blaye pour « protéger les enfants des 128 écoles de la Gironde qui sont classées en zones sensibles » et « réclamer une zone de 200 mètres où seuls les produits bio non classés Cancérigène, Mutagène et Reprotoxique soient autorisés ».
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Quatre ans après les intoxications d’élèves à Villeneuve de Blaye suite à des traitements viticoles, les antiphytos s’appuient sur des analyses de résidus phytos réalisées dans des écoles et habitations du vignoble médocain et les 240 000 signatures d’une pétition en ligne.
Prise à partie, la préfecture vient de donner des éléments de réponse pour désamorcer la situation avant la prochaine campagne viticole. « Le préfet de la Gironde, en l'état du cadre législatif et réglementaire, ne dispose pas des compétences lui permettant de choisir, parmi les produits régulièrement autorisés, ceux pouvant être utilisés à proximité des établissements accueillant des personnes vulnérables » expliquent les services de l’État.
La préfecture rappelle que son arrêté du 22 avril 2016, « l’un des plus exigeants de France » met en application l’article L.253-7-1 du Code Rural (introduit par la loi d'avenir pour l’Agriculture) et « encourage la mise en place de dispositifs de protection physique adaptés tels que des haies et, pour la viticulture, le recours à des matériels de pulvérisation limitant la dérive de produits. Lorsque de telles mesures ne peuvent pas être mises en place, les applications de produits phytopharmaceutiques doivent être effectuées sur certaines plages horaires et en respectant des distances minimales (50 mètres pour la viticulture, sensiblement supérieure aux prescriptions qui découleraient des mesures de dérive de pulvérisation en viticulture, 20 mètres). »
Malgré cette mise au point, le débat semble loin d’être achevé, trouvant des échos politiques. « Les restrictions préfectorales actuelles concernant les pulvérisations de pesticides sont insuffisantes, tant sur les horaires que sur les surfaces, pour garantir la bonne santé des enfants » estime ainsi, dans un communiqué, le député girondin Loïc Prud’homme (France Insoumise). Pour l’élu, « il existe des alternatives : l’usage exclusif de produits autorisés en viticulture bio et non classés dangereux pour l’être humain. Cet usage, imposé sur un périmètre de 200 mètres autour des établissements scolaires, limiterait considérablement la présence de CMR d’origine agricole dans l’environnement quotidien de nos jeunes enfants. »
* : Il s’agit des collectifs, associations et syndicats Alerte Pesticides Haute Gironde, Alerte aux Toxiques, Collectif Infos Médoc Pesticides, Générations Futures Bordeaux, Alerte Médecins sur les Pesticides, Collectif Alerte Pesticides de Léognan, Confédération paysanne, FSU 33, FCPE 33, CGT Educ'Action 33 et SE-UNSA 33.