Il faut élargir les zones sensibles aux habitations, sans les limiter aux seules écoles, garderies et maisons de retraite. Et en finir avec la fumisterie des haies et autres filets pour passer au bio. Le vrai débat porte sur la nature des produits » tranche Marie-Lys Bibeyran, la présidente d’Info Médoc Pesticides. À deux mois de la prochaine campagne viticole, son collectif et l’association Eva Pour La Vie remettent sur la table des revendications de 2016, pour espérer obtenir un nouvel arrêté préfectoral sur les épandages viticoles (le dernier datant d’avril 2016). S’appuyant toujours sur une pétition en ligne (ayant quasiment recueilli 202 000 signatures), cette revendication repose désormais sur des résidus de pesticides trouvés en septembre 2017 dans huit habitations et une école dans le Médoc.
Réalisées avec des kits d’analyse de poussières intérieures du laboratoire alsacien Kudzu Science*, ces mesures ont détecté en moyenne 16 pesticides (sur 32 cherchés), pour des concentrations moyennes de 224,5 nanogrammes par gramme de poussière (soit 0,0000002245 gramme/gramme). « On sait bien que c’est l’exposition à un effet cocktail qui est dangereux. La problématique sur les doses est dépassée » affirme Marie-Lys Bibeyran, qui s’alarme de trouver des résidus phytos en septembre dans une école séparée des vignes par une ligne de maisons : « qu’est-ce que cela serait en plein mois de juin, et à proximité immédiate d’une parcelle… »
Publié ce 15 février, pour la journée internationale des cancers de l’enfant, le communiqué commun de ces associations s’affiche « sans volonté d'opposition avec la profession agricole ». Mais n’en réclame pas moins aux syndicats viticoles des actions rapides : « une réunion annuelle en amont des traitements sur les pratiques viticoles, les moyens à disposition, les attentes et inquiétudes de la population » et la mise en place d’« un système d’information sur les dates de traitement, à destination de l’ensemble de la population des communes viticoles ». Sans oublier les traitements en bio à proximité des riverains. « Cette mesure est réalisable, tant d’un point de vue technique qu’économique. Puisque cela ne concernerait pas l’ensemble d’une propriété viticole, mais quelques parcelles » estiment les associations, espérant qu’un tel dispositif serve « l’amorce d’une transition bio plus large ».
* : Ce kit comporte « un embout et un filtre à fixer sur son aspirateur personnel, il suffit alors d’aspirer jusqu’à ce que le filtre soit plein » expliquent les associations.