rrivé vers 13 heures au Sitevi et après s’être restauré, le ministre de l’agriculture a déambulé durant deux heures dans les allées du salon. Son premier arrêt aura été pour l’Institut français de la vigne et du vin où il aura pu découvrir en avant-première Floréal, variété résistante Resdur, aux notes de de buis et de fruits exotiques. De quoi être sensibilisé dès ses premiers pas aux travaux engagés par la filière viticole pour répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux.
« Le sujet est tranché et derrière nous»
Ces sujets ont d’ailleurs occupé l’actualité du salon avec le dossier du glyphosate. Le ministre a été questionné sur le sujet par Vitisphere pour savoir s’il faut comprendre la position présidentielle (interdire le glyphosate pour trois ans) comme un moyen de le maintenir cinq ans, le temps d’écouler les stocks durant deux ans (ce qui cale la décision sur le calendrier européen). Le ministre a à peine répondu, estimant « le sujet tranché et derrière nous». Il a préféré expliquer qu’il était venu sur le salon « pour parler d’une belle filière qui innove » et souligner qu’il avait vu « de belles machines dont la conception cherche à faire en sorte de diminuer l’utilisation des phytosanitaires ». La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, qui accompagnait le ministre dans sa visite, a pour sa part usé d’une prise de position sans langue de bois, affirmant sans détours que « pour la première région bio de France et sous signe de qualité, nous défendons une agriculture durable. Trois ans est un bon délais ». La présidente a souligné par ailleurs que l’effort devait être mis sur la recherche pour accompagner la transition.
La visite a été marquée par une petite première, celle de la présence pour la première fois de l’ensemble des députés de la région. Cet aéropage politique a pu revoir les classiques en matière d’enjeu de filière. Comment intervenir et soutenir les zones défavorisées ? Comment soutenir la viticulture face à la petite récolte ? Comment favoriser l’installation ? Comment faire évoluer les pratiques pour protéger l’environnement ? Sur ce dernier point, Denis Carretier, président de la Chambre régionale de l’agriculture d'Occitanie, a insisté sur la naissance d’une interprofession bio régionales et dédiées à toutes les productions.
Il a également été question de la problématique de l’eau avec un arrêt sur le stand de BRL et la présentation du projet Aqua Domitia. Le ministre a montré son écoute attentive à ce sujet et a indiqué sa volonté de porter des mesures pour aider la viticulture à irriguer. Il a rappelé la constitution d’un groupe interministériel autour de l’eau et a souhaité que « les projets soient déverrouillés ».
Si la visite ministérielle s’est passée sans anicroches, le ministre a tout de même été interpellé de manière vive par le Syndicat des vignerons du Gard. « J’ai 60 ans dans une semaine et je n’ai jamais vu qu’après les vendanges, il n’y ait pas d’offres d’achat. Je pense que les importations ont été excessives et que les chiffres nous sont cachés » a expliqué Jean-Marie, viticulteur après avoir échangé énergiquement avec le ministre. Le viticulteur a également fait entendre son mécontentement sur les inégalités règlementaires au sein de l’Union européenne. Enfin, il a fait échos des pratiques confusantes sur l’origine des vins de certaines marques de vin.
Le ministre s’est aussi fait un peu secoué par Jean-Charles Tastavy, membre du conseil d’administration de Vin et Société. Il a alerté le ministre sur les récentes prises de positions d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé sur Radio Classique. La ministre a déclaré que si elle pouvait, elle interdirait l’alcool. « Je lui ai dit que nous avions la ministre la plus prohibitionniste de l’Histoire ! » rapporte Jean-Charles Tastavy qui s’est montré plutôt déçu de l’écoute du ministre sur ce sujet très sensible pour la viticulture.