Le glyphosate ? Ne m’en parlez pas, ça va faire mal. Très mal. Il n’y a pas de solution de remplacement en face ! » s’emporte un viticulteur du Minervois à l’ouverture, matinale, du salon Sitevi (Montpellier). L’annonce hier de la reconduction européenne de la licence du glyphosate pour cinq ans, et la promesse de sa suppression française dans trois ans, ne laisse pas indifférent dans les allées du salon. « Ces gens qui pensent qu’il faut supprimer le glyphosate, qu’ils viennent dans mes vignes pour un stage. On verra si après une journée à biner ils sont encore contre les herbicides de Monsanto » grogne un vigneron gardois. Ajoutant que « c’est bien beau d’être écolo en ville, mais la réalité du terrain est bien différente… Il vaut mieux que je n’ai pas un de ces bobos en face ! »


Pourtant les avis sont tranchés dans les allées du salon, où les « bobos écolos » ne manquent pas. La preuve avec un jeune étudiant du CFA de l’Hérault, pour qui « plus tôt le glyphosate sera interdit, mieux ce sera ». Ses parents exploitant un petit domaine en biodynamie à Meursault, il reconnaît que « le problème n’est pas le même pour de grandes surfaces. Mais cela prouve qu’il est possible de s’en passer. » Même écho pour un jeune œnologue en cours d’installation dans le Languedoc pour qui il s'agit d'une occasion manquée : « c’est dommage. Il y avait la possibilité de sortir d’un coup du désherbage chimique. Là on n’avance pas, la promesse française semble difficile à tenir dans ce cadre européen. » Et il n’y a pas que des exploitants pour regretter cette reconduction et évoquer une impérieuse nécessité de changer les pratiques viticoles. Parmi les fournisseurs, certains ont clairement une approche de consommateurs, comme cet assureur méditerranéen : « je suis contre cette rallonge, c’est un échec d’avoir reporté l’interdiction immédiate. »
Parmi les premiers visiteurs rencontrés, un seul se frottait ouvertement les mains : un exposant proposant des matériels de travail du sol. « On ne pouvait pas espérer mieux comme sujet de discussion pour lancer le salon » lâchait-il dans un clin d’œil. Filant vers son stand, qu’il espérait sans doute croulant déjà de visiteurs en quête d’alternatives.