hotos et signatures des invités sur le mur d’honneur, concert de LiLijuan, une chanteuse vedette en Chine : l’ambiance était bon enfant et le cérémonial bien huilé ce 18 septembre pour l’inauguration du château Bel Air, tombé dans l’escarcelle du taïwanais Chengchang Lu. Tout sourire, nœud papillon et costume impeccable, l’homme d’affaires est depuis janvier dernier à la tête de cette propriété viticole de 55 ha située à Belvès de Castillon. Une première acquisition pour Chengchang Lu, PDG du groupe agroalimentaire Golden Field, spécialisé dans le commerce international et de ses 60 000 salariés dans le monde, qui écoule ses produits dans 4 000 restaurants et supérettes notamment en Chine et à Taïwan.


Un achat mûrement réfléchi. « Entre 2015 et 2016, je suis venu en France une dizaine de fois et j’ai visité 37 châteaux sur la rive droite, la rive gauche et dans l’Entre-Deux- Mers. J’ai formé une équipe chargée de les évaluer et de les comparer. Au final j’ai estimé que le vin de château Bel Air correspondait aux attentes des consommateurs asiatiques" explique-t-il. De même il ne se fait pas prier pour évoquer les investissements réalisés dans la rénovation de la propriété, dans le renouvellement du matériel, dans l’élaboration d’une nouvelle gamme de vin baptisé Horse N° 1.
La propriété n’était pas tournée à l’export, désormais un tiers des 400 000 cols part en Chine et en Taïwan. Des projets sont en cours au Japon et au sud de l’Asie. Diplômé d’un doctorat en gestion agricole de l’université Taïwan de Taïpei, il connaît les aléas et imprévus qui rythment la viticulture : "je suis conscient que la météo a beaucoup d’impact sur la production du vin. On ne peut pas attendre un retour sur investissement comme dans un autre secteur. Les investisseurs étrangers doivent comprendre que faire du vin ce n’est pas facile, que c’est beaucoup de travail et beaucoup d’investissement. Avant tout il faut respecter la terre" martèle-t-il.
Pour gommer les différences culturelles, Chengchang Lu a ses recettes. D’emblée il a gardé l’œnologue, et les quatre salariés en place. Tout comme il a proposé à l’ancien propriétaire, Patrick David, de le rémunérer pendant deux ans pour remplir le rôle de consultant du château. "Je l’accompagne notamment dans la gestion, dans tout ce qui est réglementation. Je lui donne mon expérience" explique Patrick David. Autre recette : l’embauche en juin dernier de Maurice Chia Wen, une franco taïwanaise, trilingue : "j’ai été recrutée pour établir une très bonne communication et une très bonne gestion entre la maison mère et le château. Je mets du liant et j’explique beaucoup les mentalités qui peuvent être différentes" indique-t-elle. Et de confier : "au château Bel Air, les salaires ne sont jamais versés en retard".