ur les parcelles de vignes plantées ces trois dernières années, « les dégâts du gel sont notables, mais pas remarquables » résume François Bodin, le président du Syndicat des Pépiniéristes de Cognac. Après les gelées du printemps, les dégâts restent très hétérogènes, y compris sur les parcelles plantées en 2016 et 2017. Si la casse n’a pas été chiffrée, par l’interprofession ou les pépiniéristes, les dommages sont conséquents dans le vignoble charentais. Les jeunes plantations étant particulièrement sensibles du fait de leur proximité avec le sol et de manchons de plastique les entourant (accentuant l’humidité), mais aussi du fait des spécificités locales.
Les plantations sont en effet précoces en Charente (dès décembre), certaines parcelles ont ainsi gelé plusieurs fois. Les plantations arrivant sur leur deuxième feuille sont souvent taillées en avance, les rendant particulièrement sensibles. Ce qui amène François Bodin à conseiller aux viticulteurs : « les broches d’un à trois ans sont à tailler en dernier. Leurs réserves en boutons et yeux sont faibles. » Le pépiniériste témoigne d’impacts allant jusqu’à 50 % de casse. Ces jeunes plants ne repartant pas pouvant faire craindre des pertes d’aides à la plantation.
Attribuées par FranceAgriMer, les subventions pour le renouvellement du vignoble sont conditionnées à un taux de reprise de 80 % au moins. Avec le gel, des parcelles seront bien en deçà, ce qui risquerait de pénaliser le versement de ces aides. Via la Fédération Française de la Pépinière Viticole, le syndicat charentais porte ainsi la demande d’un maintien des aides pour les parcelles fortement gelées. Soit par tolérance exceptionnelle, eu égard à l’épisode de gel exceptionnel, soit par acceptation d’un bon de commande, de plants pour remplacer les pieds morts.
À Cognac, la production de bois ne devrait pas être touchée par le gel, les plants étant mis en pépinière en mai. « Nos anciens nous ont toujours dit de ne pas planter avant les saints de glace » rappelle François Bodin. Pour les vignes mères de porte-greffe, les dégâts seraient du même ordre de grandeur qu’après les gels de 2016, avec des pertes de rendement en bois de 15 à 20 %. Ce qui devrait passer inaperçu.