a question est particulièrement d’actualité à l’heure où Bruxelles envisage de faire évoluer la réglementation des vins bios, proposant notamment d’élargir la palette des produits de protection de la vigne. Est-ce un bon choix ? Chacun à son avis souvent mué par une conviction philosophique où la question de l’authenticité, de la transparence et de la pureté est au cœur du débat. Une telle décision orientera forcément le développement de la viticulture biologique. Elle apparaît d’ailleurs dans le scénario 1 (baptisé « la filière bio essaie de survivre ») défini par le travail de l’équipe de prospective de FranceAgriMer qui vient d’en publier une synthèse. Dans ce scénario, est imaginé que le contexte macro-économique échoue à insuffler la croissance et que le réchauffement climatique écorche sérieusement le potentiel de production. Pour donner davantage de flexibilité à la production bio, la réglementation « élargit les pratiques et produits autorisés, et le mode de production biologique s’accompagne d’une flexibilité de la production ». Proposition qui est donc sur la table européenne.
Le scénario de FranceAgriMer postule par ailleurs que les financements manquent pour permettre à la recherche de lever les freins techniques imposés par les modifications du climat. La filière ne profite que très peu de cette flexibilité réglementaire. Du coup, seuls quelques domaines qui ont les moyens de développer une technicité propre parviennent à faire reconnaître leurs innovations techniques, créant des « chapelles » ou un ensemble de domaines regroupés autour d’un leader, d’un cahier des charges ou de pratiques spécifiques. Ces chapelles sont actives en matière de promotion pour se faire connaître sur les marchés et acquérir une renommée. Cette multiplication des chapelles conduit à une grande diversité de produits et de process.
Vers la création d’une IGB ?
Ainsi donc, au-delà d’une bataille politique et philosophique sur l’élargissement de la palette des produits phytosanitaires utilisée en agriculture biologique, c’est aussi la question des moyens donnés à la recherche en bio qui devrait également être introduite dans le débat actuel. Voilà pour un exemple concret de l’aide stratégique apportée par l’exercice de prospective de FranceAgriMer. L’étude explore quatre autres scénarii. La filière bio réduite au segment premium, « vin bio et santé » où la filière est supplantée par d’autres labels et trouve son épanouissement économique dans les segments haut de gamme. « Phenix bio » envisage que les signes de qualité AOP et IGP se confondent avec la bio donnant lieu à la création d’indication géographique bio (IGB). Troisième scénarii, « La filière bio gère sa rente de situation » imagine que le bio gère de façon restrictive son développement, avec un accroissement des surfaces maîtrisées et une intégration des avancées de la recherche limitée. Le cinquième scénario envisage que la filière décide d’assumer son développement quantitatif. « La filière vin bio accepte les pratiques physiques et l’intégration de l’innovation technique sans nier ses principes philosophiques essentiels, et relève le défi d’une croissance quantitative conséquente. » Un de ces scénarii se produira-t-il ? Peut-être ou peut-être pas. L’idée n’est pas d’avoir tord ou raison mais plutôt d’identifier les causes et leurs conséquences.