’il est bien un mot qu’il ne faudra pas prononcer sur le stand D 215 du hall 1 du salon Vinexpo, c’est celui-ci : satellite. « Je ne l’ai jamais supporté* ! Dit-on que Pomerol est un satellite de Saint-Émilion ? À la limite nous sommes une des sœurs de Saint-Émilion, mais y être assimilé, ce serait disparaître » n’est pas loin de s’emporter Hubert Boidron, le nouveau président du syndicat viticole de l’AOC Montagne Saint-Émilion. Élu depuis un mois, il présente lors du salon bordelais sa nouvelle campagne de communication qui déclare, ou plutôt revendique, rien de moins que l’indépendance de Montagne Saint-Émilion face au reste du vignoble de la rive droite.
Lassé des confusions existantes, Montagne Saint-Émilion décide de donner un coup d’accélérateur autant que de projecteur sur ses spécificités. « La communication du groupe organique au sein du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux est complètement noyée par celle Saint-Émilion et de la Jurade. Alors que nous avons une typicité plus qu’honorable » constate Hubert Boidron.
L’AOC investit Vinexpo pour la deuxième fois avec une série de masterclasses et de rendez-vous sur son stand de 48 mètres carrés. Dévoilant la campagne de promotion « Truly Top Terroir » réalisée par une agence de communication, Hubert Boidron assume le coût de cette opération : 80 000 euros pour l’année. Ce qui n’est pas neutre pour une appellation de 1 600 hectares, produisant annuellement 80 000 hectolitres de vin. « Nous avons dû augmenter les cotisations » élude le vigneron. Pour qui l’avenir de la campagne est de se déployer sur les marchés nord européens : « nous perdons des positions en Allemagne, Belgique et au Royaume-Uni, parce qu’ils ont été oubliés au profit de l’Asie » regrette-t-il.


Ayant pris la succession de Bruno Marchand à la présidence de l’Organisme de Défense et de Gestion, le bouillonnant Hubert Boidron poursuit le dossier de demande d’AOC Montagne Saint-Émilion grand cru. Le cahier des charges et le plan d’inspection étant bouclés, ils devraient prochainement être présentés au Comité Régional de l’INAO. Les travaux sur cette nouvelle appellation sont une priorité pour le nouveau président du syndicat : « nous devons accéder au grand cru le plus tôt possible ». Avec l’espoir de mettre sur orbite l’AOC qui se veut Montagne avant d’être Saint-Émilion.
* : Hubert Boidron a d’ailleurs mis au défi la rédaction de Vitisphere de réussir à rédiger un article sans le terme interdit. Pari perdu !