e problème ne date pas d'aujourd'hui. De nombreuses caves coopératives sont confrontées chaque année à des problèmes de voisinages, liés à leur implantation au cœur ou proche de lieux d'habitations. Les odeurs et le bruit, notamment l'été et au moment des vendanges, dus à la circulation des tracteurs, des machines à vendanger, des camions, ou encore au fonctionnement des compresseurs et des groupes de froid, restent les principales nuisances sources de plaintes déposées en mairie, à la gendarmerie ou en préfecture.
Les caves concernées se voient donc contraintes d'investir ou de changer leurs pratiques pour tenter de désamorcer les conflits naissants. Mais plus important encore, l'instauration d'un dialogue avec leur entourage semble être la clé de réussite : « Si l'on ne prend pas en considération les plaintes, on s'expose à de gros problèmes », témoigne benoît Fillaquier, directeur de la cave Terre d'expression, à Fabrezan (Aude). « Les balayer d'un revers de main et ne pas vouloir les traiter n'est pas la solution, car les problèmes prennent de l'ampleur », confirme Philippe Pellaton, président de la cave de Laudun-Chusclan (Gard).
Pour désamorcer un conflit lié à une nuisance sonore il y a plusieurs années, ce dernier a par exemple décidé d'organiser rapidement une réunion avec le voisinage, pour « discuter ». « Je leur ai demandé du temps, car nous ne pouvions pas nous mettre aux normes du jour au lendemain. Ils ont compris les contraintes et l'ont accepté », explique-t-il. Convaincue du rôle essentiel d'établir une bonne communication, la cave de Laudun a depuis décidé, en 2013, de systématiser les rendez-vous avec ses voisins, mais aussi plus largement avec des relais d'opinions : associations, clubs sportifs, chasseurs, etc. Le premier jour des vendanges, une visite des chais, suivie d'un apéritif, est organisée, avec une centaine de personnes invitées. L'objectif : « Se prémunir du risque de conflit, en anticipant les discussions ». « Grâce à cela, nous n'avons plus de plainte aujourd'hui, plus de conflit à gérer. Au lieu de porter plainte, ils viennent nous voir avant pour en parler?On a créé du lien », conclut Philippe Pellaton.
Même exemple d'initiative, dans l'Aude, à la cave Terre d'expression, à Fabrezan, confrontée à des plaintes récurrentes liées au bruit et aux odeurs dégagées par les effluents. Cette dernière organise chaque année, avant le démarrage des vendanges, un « apéritif des voisins » auquel une centaine de personnes participent. Cela lui permet d'expliquer tous les « efforts » réalisés à leur intention. Parmi les prochains chantiers, la mise en place d'une plateforme de stockage des effluents vitivinicoles, afin de produire un amendement organique. « Nous leur expliquerons et leur dirons qu'ils pourront s'y servir. Cela évitera que l'on se fâche... », témoigne Benoît Fillaquier. Mais cet apéritif représente surtout pour ces riverains un moment pour exprimer leurs « doléances ». « Ils sont ravis de cette idée, ils peuvent s'exprimer sur les choses qui leur plaisent ou non, de façon conviviale?Grâce à cela, on canalise les choses ».
Depuis la mise en place de ce rendez-vous, son directeur constate lui aussi moins de plaintes, avec des « gens plus ouverts ». « Le simple fait d'expliquer implique qu'ils acceptent mieux les choses », conclut celui-ci, malgré le fait qu'une nouvelle plainte ait été récemment déposée?