près un démarrage rapide, la campagne d'achat sur le marché du vrac en appellation régionale Côtes-du-Rhône rouge a connu un ralentissement important en janvier. Mars et avril ont depuis permis de rattraper le « retard » pris, mais pas totalement : à fin avril 2017, la baisse n'était « plus que » de 14 %, avec 701 000 hl contractualisés, contre 8160 00 hl à la même époque l'an dernier. Les CDR villages suivent la même tendance, avec une baisse de -16 % avec 136 000 hl à fin avril.
Mais pour Denis Guthmüller, président de la Section économique d'InterRhône, « il n'y a rien de dramatique, le rattrapage est en cours ». Pour étayer ses propos, celui-ci s'appuie sur l'évolution des sorties de chais, un « meilleur indicateur pour le suivi de l'activité car traduisant plus la réalité ». Celles-ci sont jusqu'à présent stables par rapport à l'an dernier pour l'appellation régionale.
Deux éléments expliquent selon lui ce phénomène de baisse des transactions. Le premier vient de l'incertitude des opérateurs quant aux règles concernant les délais de paiements. Les derniers accords interprofessionnels n'ayant pas été acceptés par l'administration, le « manque de visibilité » a entrainé un ralentissement des enregistrements.La seconde raison tient à la très bonne qualité globale du millésime 2016, qui a elle-même impliqué un certain « attentisme » de la part des courtiers et du négoce. « Quand vous avez 90 % des volumes d'un bon niveau, vous n'avez pas besoin de vous précipiter d'acheter, avec derrière l'envie de faire baisser les prix », explique t'il.
Mêmes analyse et sérennité du côté de la cave coopérative de Laudun-Chusclan, l'un des plus gros opérateurs de l'appellation : « C'est vrai que c'est une année plus calme, on a l'impression que les volumes ne sortent pas, reconnait Philippe Amphoux, son directeur. Mais c'est pour moi un petit décalage de la campagne, de janvier à mars-avril...En somme, un retour à une situation normale par rapport aux cinq dernières campagnes marquée par des sorties précoces ». La raison invoquée étant identique à celle de Denis Guthmüller: les acheteurs n'auraient pas besoin cette année de se couvrir à cause de la récolte abondante et de bonne qualité, impliquant des achats « au dernier moment, en jouant la baisse des prix ».
Les caves qui écoulent leurs vins en passant des contrats spot subissent donc directement cette situation et craignent actuellement de ne pas vendre, avec des cuves encore inhabituellement pleines à ce jour. Mais le directeur ne se déclare pas inquiet pour la suite : « La demande sur les marchés est présente et il va y avoir des réapprovisionnements dans les semaines et mois à venir », assure t'il.