Nous en avons marre de subir les 7,2 millions d’hectolitres de vins espagnols importés ! Le vignoble a dit non à Narbonne, dans le Gard et dans l’Hérault, en Vaucluse et en Drôme nous disons stop. Nos caves sont pleines et nos trésoreries à bout ! » lâche d’une traite Bruno Bouche, le président des Jeunes Agriculteurs du Vaucluse (JA 84). Avec l’appui de la FDSEA 84, des viticulteurs ont réagi ce matin en passant au peigne fin les rayons vin d’une douzaine d’enseignes d’Orange et de Pertuis. Ils y ont scrupuleusement collé des étiquettes « vins de nulle part » ou « vins d’ailleurs » sur les bouteilles et cubis affichant de prime abord des codes rattachant leur origine au vignoble français, alors que leurs contre-étiquettes précisent une origine européenne.
Toutes les anomalies relevées par les vignerons ont été rassemblées dans des caddies, pour créer une pyramide à l’entrée des magasins. D’ampleur, l’opération s’est voulue exhaustive. Et ce malgré des tentatives de certaines enseignes pour passer entre les mailles. « Des magasins se sont passé le mot et ont mis en réserve certains de leurs vins. Comme nous étions passés en repérage la veille, nous les connaissions et sommes allés les chercher en réserver » s’amuse Ninon Cubels, animatrice des JA 84, qui précise qu’il n’y a pas eu de casse.


Rejouant à l’identique la manifestation réalisée en juillet 2016, les vignerons ont pu constater le manque d’évolution de la situation dans les linéaires. A l’exception de l’enseigne Lidl, qui a retiré de ses linéaires les vins incriminés, suivant ainsi la demande de solidarité envoyée il y a quelques semaines par les JA 84. Un geste qui a valu à son directeur de recevoir un prix symbolique : le « cubi d’or ».
Se montrant compréhensifs, les autres directeurs d’enseignes rencontrés par les manifestants se sont vus poser un ultimatum : revoir au plus vite leurs linéaires et approvisionnements. « La balle est dans leur camp. Il faut qu’ils fassent des rayons de cubis distinguant les vins français de ceux étrangers. En noyant dans la masse des vins moins chers trompant sur leur origine, on ne donne pas aux consommateurs les moyens de choisir en connaissance de cause » pose Bruno Bouche. Et si ces visites de courtoisie ne portent pas leurs fruits cet été, le syndicaliste est déjà prêt à ressortir son tracteur à la bannière des plus explicites : « consommateurs, buvez français ».