a minéralité est à la mode. Tous les dégustateurs l’ont à la bouche. Elle est même passée largement devant le fruité dans les notes de dégustation du Wine Spectator, qui y fait référence dans plus de 10% des cas. « Pourtant, la minéralité est un concept récent, qui n’est vraiment étudié que depuis 2009 » a rappelé Jordi Ballester, à l’occasion de la session annuelle de formation en œnologie du pôle Alsace de l’IFV, à Colmar le 7 mars dernier. Maître de conférences à l’IUVV, à Dijon, il a expliqué à l’assemblée que le terme n’est apparu que dans la dernière édition du livre « Le goût du vin » d’Emile Peynaud et Jacques Blouin, en 2013.
Si elle est récente, la minéralité est aussi très mal définie. En 2013, une étude auprès de 1700 consommateurs français et suisses a révélé que les plus novices n’en ont jamais entendu parler. 13% sont même incapables d’y associer un seul mot. « Une autre partie des consommateurs la rapproche avec les minéraux de l’eau minérale. Ceux qui ont un peu plus d’expérience l’associent au terroir et à la géologie du vignoble », détaille Jordi Ballester. Les vignerons et professionnels sont un peu plus précis. Ils décrivent des notes de pierre à fusil, de silex, une certaine acidité, de la fraîcheur, la mer, ou encore les coquillages.
En 2015, les chercheurs ont également montré que la nationalité impacte la perception de la minéralité. Des expériences sur sauvignon ont révélé que les Français ont tendance à ressentir la minéralité au nez, quand les néozélandais la perçoivent en bouche.
Les vins jugés les plus minéraux et les moins minéraux de cette étude ont été analysés. Il semble que les teneurs en SO2 libre, en acide malique et en sodium et en calcium soient plus importantes dans les vins minéraux. « Il n’est pas impossible que ces deux ions donnent une certaine salinité ou une sensation de densité et de richesse aux vins. Leur origine reste à déterminer, il n’est pas garanti qu’ils proviennent du sol. L’implication du SO2 est cohérente avec les notes de silex et les notes iodées traduisant une légère réduction. Enfin, le malique pourrait conférer au vin de la tension qui pourrait avoir un effet positif sur la perception globale de la minéralité », commente Jordi Ballester.
D’autres pistes sont à creuser. L’année dernière, Christian Starkenmann, de l’école de Changins, a identifié du disulfane et du trisulfane dans un vin blanc sec minéral. Ces molécules pourraient être responsables de l’odeur de silex.