lors que les exigences des metteurs en marchés sur les résidus de phytos dans les vins vont croissant, le besoin d’éliminer Å“nologiquement ces contaminants exogènes se fait pressant. Mais le sujet reste globalement vierge, estime le docteur Arnaud Massot, le responsable scientifique d’Amarante Process (cellule de transfert de l’université de Bordeaux). Lors de la treizième matinée technique de l’interprofession girondine, il présente un matériau qui pourrait répondre à cet enjeu via un nouveau traitement physique des vins : la zéolithe.
Utilisé pour la purification de l’air et de l’eau, ce cristal d’aluminosilicate a la capacité de réaliser un tamisage moléculaire grâce à sa structure en feuillets et en pores. D’après les essais réalisés sur trois vins artificiellement contaminés par une vingtaine de résidus de pesticides*, la zéolithe donne de bons résultats d’élimination des matières actives. Les chercheurs ont ainsi des taux de décontamination moyenne de 88 % dans le vin. S’il dépasse 90 % sur 15 matières actives, il reste particulièrement bas sur certains résidus phytos (comme Dimethomorphe où il ne dépasse pas les 40 %).
N’ayant pas d’impact sur les caractéristiques analytiques des vins rouges (acidité, alcool, sulfites…), l’utilisation de zéolithe en aurait par contre un sur leur profil organoleptique. D’après les résultats de dégustations triangulaires, les vins traités sont fortement discriminés par rapport aux témoins. En revanche, aucune distinction n’a pu être trouvée significativement pour le vin blanc sec et le liquoreux étudiés. Face à ces résultats mitigés, Arnaud Massot n’a pour l’instant aucune explication. Même s’il semble qu’un traitement sur vin fini ait moins d’impact que lors de la vinification.
En labo, le coût estimé est de 1,5 centime par litre traité, précise le chercheur bordelais. Se préparant à tester sa zéolithe sur des vins naturellement contaminés, il envisage une mise en Å“uvre par adjuvant de filtration ou collage. À noter que pour les modalités d’utilisation qui se dessinent, l’enjeu semble moins être le temps de contact (fixé à une heure), que de la concentration (variant de 0,1 à 5 g/l dans les essais).
* : Il s’agit de 19 fongicides (Azoxystrobine, Boscalid, Carbendazime, Cyprodinil, Dimethomorphe, Fenbuconazole, Fenhexamide, Fludioxonil, Fluopicolide, Iprodione, Iprovalicarbe, Mandipropamide, Metalaxyl, Metrafenone, Pyraclostrobine, Pyrimethanil, Quinoxyfene, Spiroxamine et Tebuconazole) et d’un insecticide (Tebunfenozide).
La zéolithe est sous le feu des attentions, étant également le sujet d’une monographie de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin. Mais pour ses effets sur le goût de bouchon (sont annoncées des études sur la prévention des casses protéiques et tartriques, sur les phénols volatils et acidité volatile…)
À noter que d’autres matériaux sont envisagés pour éliminer les contaminations phytos des vins, comme les fibres végétales (pouvant être introduites dans les plaques de filtration). D’après la bibliographie, le charbon actif est également efficace en la matière.