epuis 2009, le syndicat des vignerons bio d’Aquitaine (SVBA) se penche sur la contamination des vins bio par les résidus de pesticides. Un sujet délicat car, si aucune limite maximum de résidus n’est fixée dans le vin, les organismes certificateurs définissent leurs propres seuils et peuvent déclasser les vins qui les dépassent. Globalement, ils tolèrent jusqu’à 0,020 mg/l de fenhexamide, iprodione, pyriméthanil ou boscalid, 0,03 à 0,04 mg/l de dithiocarbamate, 0,03 mg/l de phtalimide (dérivé du folpel) et 2,5 mg/l d’acide phosphoreux, dérivé du fosétyl d’aluminium.
A partir de 2009, le SVBA a recherché près de 200 molécules actives dans 130 vins bio d’Aquitaine et dresse un bilan rassurant, moins de dix vins ayant été contaminés à plus de 10 µg/L par une matière active. Celles que l’on retrouve proviennent souvent des traitements anti-botrytis (fenhexamid, boscalid, pyrimethanil…) et anti-mildiou (iprovalicarbe, dimethomorphe). Les vins rouges sont les plus affectés, du fait de leur contact prolongé avec la pellicule.
Animateur conseil au SVBA, Stéphane Becquet explique également que « ce sont les vins issus d’exploitations en cours de conversion AB qui sont les plus touchés ». En effet, près de 70% de ces vins contiennent au moins une molécule à plus d’1 µg/L, contre 40% pour les vins certifiés.
Les contaminations les plus fréquentes sont dues à la pollution environnementale et aux traitements de parcelles voisines. « Il faut également faire attention lorsque l’on emprunte du matériel, que l’on fait appel à un prestataire, ou que l’on a encore de vieux millésimes issus de viticulture conventionnelle au chai ».
Les analyses ont révélé la présence de phtalimide, un métabolite du folpel, à plus de 10 µg/l dans une vingtaine d’échantillons (autour de 20 µg/l en moyenne). Heureusement, « cette molécule n’est pas considérée comme toxique », rassure Stéphane Becquet.
En outre, 59% des échantillons analysés contenaient de l’acide phosphoreux, avec une moyenne d’1 mg/L, un chiffre qui peut paraître élevé mais qui s’explique par la capacité de la molécule à rester longtemps dans les sols et les organes de la plante, et qui reste bien loin de la LMR raisin de cuve, fixée à 100 mg/kg.
Le SVBA a également mesuré la teneur en cuivre des vins. Les vins bio en contiennent en moyenne 200 µg/l, à peu près autant que les vins conventionnels, malgré une fréquence de traitements plus soutenue.
En cas de contamination par les pesticides, le SVBA préconise d’isoler le lot concerné et de nettoyer le matériel avec lequel il a été en contact pour éviter une contamination croisée des autres vins du chai. Il faut également prévenir son organisme certificateur.
Une grille d'auto-diagnostique de contamination croisée et un guide pratique pour la gestion des résidus de pesticides dans les vins bio sont disponibles sur le site du projet SECURBIO.