e climat est capricieux dans le Val de Loire. Il n’est pas rare que la pourriture grise arrive avant la maturité optimum des raisins. Les producteurs de liquoreux sont ainsi parfois contraints de vendanger alors que le titre alcoométrique des raisins n’atteint pas 11, valeur minimale pour revendiquer des Coteaux du Layon génériques. Las de déclasser leurs vins, ils ont confié une mission à l’ESA et à l’IFV : étudier l’attrait des consommateurs pour des vins moins alcoolisés, dans l’idée de faire modifier le cahier des charges des Coteaux du Layon.
Chercheuse à l’ESA, Cécile Coulon a présenté les résultats de cette étude lors du colloque Euroviti, organisé le 18 janvier au SIVAL. Les chercheurs ont d’abord sélectionné 24 vins à faible TAV, contenant peu de sucres résiduels : 14 Coteaux du Layon, deux vins de l’aire AOP déclassés en Anjou blanc et en vin de France, et 8 chenins expérimentaux aux TAV compris entre 8 et 10. Ils ont demandé à un jury de professionnels de les déguster et de les noter sur une échelle allant de 0 (« mauvais exemple de Coteau du Layon ») à 10 (« bon exemple »). Les vins expérimentaux ont obtenu de très bonnes notes. « Ces dégustations ont révélé un fort consensus entre les professionnels, prouvant que les vins faiblement alcoolisés peuvent avoir les caractéristiques sensorielles typiques des Coteaux du Layon », a expliqué Cécile Coulon.
Mais plaisent-ils aux consommateurs ? Les chercheurs ont repris les 8 chenins expérimentaux et ont demandé à 163 personnes (50% de lillois et 50% d’angevins) de les noter de 1 à 9, de « extrêmement désagréable » à « extrêmement agréable ». Globalement, tous les vins ont été appréciés, seuls 10% ayant obtenu une note inférieure à 4 quand plus de la moitié ont été notés au moins 7. « A priori, le titre d’alcool impacte moins la préférence des consommateurs que le taux de sucres résiduels, a ajouté Cécile Coulon. Les professionnels n’ont plus qu’à se saisir de ces travaux et décider ou non d’une évolution du cachier des charges Coteaux du Layon ».