e château de Pommard, propriété d'un américain depuis septembre 2014, Michaël Baum, va faire passer l'intégralité de son vignoble en biodynamie dès 2017, soit les 22 hectares du clos Marey-Monge. Une décision radicale prise sous l'impulsion de son directeur technique, Emmanuel Sala, qui sera appuyé par un consultant, Antoine Lepetit de la Bigne.
Le responsable prévoyait au départ une conversion de façon progressive vers ce mode de conduite. Pour commencer, une surface de 2,5 hectares seulement a donc été testée en 2016, le reste des vignes étant conduites en bio. Mais les résultats obtenus suite à cet essai durant cette dernière campagne ont été tellement satisfaisants que c'est finalement l'ensemble de la surface du domaine qui sera convertie, et ce, dès 2017. « 2016 a permis de me décider… C'était pourtant loin d'être la meilleure année pour commencer, avec une pression mildiou extraordinaire, partout dans les vignes ! », commente Emmanuel Sala.
La partie conduite en biodynamie s'est en effet « très bien comportée », au prix tout de même d'un nombre important d'heures passées dans les vignes. L'équipe, composée de sept ouvriers, est parvenue à bien contenir le champignon, avec des taches présentes uniquement sur feuilles, pas sur grappes. Pour y parvenir, de très nombreuses opérations de prophylaxie – ébourgeonnages, aération, palissage – et de pulvérisations de décoctions de plantes - presle, osier etc – et de silice ont été nécessaires, le but étant d'empêcher au maximum la végétation de pousser. Les parcelles voisines, en bio donc traitées au cuivre, ont par comparaison moins bien résisté, avec des attaques sur grappes et deux traitements conventionnels finalement nécessaires pour sauvegarder la récolte.


Autre satisfaction pour le directeur technique : celle de constater que les vignes conduites en biodynamie avaient donné une plus « grosse » récolte et un degré en alcool très correct. Cette hausse de rendement, qu'il estime pour l'avenir entre 10 et 15 % pour l'ensemble du vignoble, devrait lui permettre de faire face au surcoût lié à la main-d’œuvre. Pour parvenir à entretenir les 22 hectares, il envisage en effet d'employer 5 saisonniers supplémentaires, d'investir dans des petits tracteurs, un chenillard, ou encore de faire appel à un deuxième cheval pour le travail du sol.
Ce qui le motive dans ce mode de conduite par comparaison à la bio ? Les notions de « flux d'énergies, qui n'existent pas en bio », et celle de « l'équilibre général sol-plante », qui la rendent « beaucoup plus intéressante ». La biodynamie permet aussi de donner « quelque chose en plus aux vins, à condition qu'ils soient correctement vinifiés ». Celui-ci l'a en outre déjà constaté sur ceux issus du millésime 2016, qui dégagent « plus de vibrations ».
Côté valorisations de ces derniers, Emmanuel Sala promet qu'elles ne seront pas revues à la hausse. « Il ne s'agit pas du tout d'une démarche marketing, tient à préciser cet écologiste convaincu.