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 Les principaux challenges de la Bourgogne de demain
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Production, transmission du foncier et image trop élitiste
 Les principaux challenges de la Bourgogne de demain

Frédéric Gueguen est vigneron-négociant à Chablis, sur 22 hectares de vignes, à Préhy. Président de l'ODG de Chablis et secrétaire général du BIVB, il nous livre sa vision sur les forces et les faiblesses du vignoble bourguignon.
Par Juliette Cassagnes Le 27 décembre 2016
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 Les principaux challenges de la Bourgogne de demain
Pour Frédéric Gueguen, le problème numéro 1 du vignoble Bourguignon pour les années à venir reste celui du dépérissement du vignoble - crédit photo : J.Cassagnes
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n vignoble qui ne produit plus assez...

Frédéric Gueguen : "Le problème majeur auquel la filière est confronté est le manque de vin, car nous ne produisons plus suffisamment. Le vignoble est vieillissant et souffre, depuis plusieurs décennies, des maladies du bois (esca, bois noir), qui impactent énormément le potentiel de production.

Ce manque de volumes est un vrai souci car nous risquons de perdre des parts de marchés. En n'étant pas présents sur certains marchés, nous laissons la place à nos concurrents. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé au Royaume-Uni, où les vins néo-zélandais sont de plus en plus vendus.

Il faut trouver rapidement des solutions pour produire plus régulièrement. Les arrachages de vieilles vignes et replantations ne suffisent pas. Il faudrait pouvoir laisser les terrains nus au repos plus longtemps, mais les entreprises ne peuvent pas se le permettre, car cela grève le potentiel de production et entraîne des pertes de marchés.

Trouver de nouvelles surfaces plantables est une alternative, mais cela nécessite un agrandissement des aires d'appellations actuelles, car la plupart sont déjà quasiment plantées au maximum... D'où un processus encore long avec passage par l'INAO ! Mais cela reste une piste de solution qu'il faut explorer pour l'avenir. Il ne faut pas se fermer cette porte, face à une Nouvelle-Zélande qui se met nettement moins de barrières.

En termes de solutions, nous sommes sinon totalement dépendants de la recherche...

Des vins à l'image élitiste

"Une autre conséquence à ce manque de production est l'augmentation du prix des vins. On n'y tient pas spécialement : les vins Bourguignons souffrent d'une image élitiste. Dans l'esprit des gens, ce sont des vins chers. Prenez par exemple un Chablis versus un Sancerre : pour beaucoup, les premiers sont plus chers que les seconds, or c'est souvent le contraire !

La moitié des volumes produits en Bourgogne sont des appellations régionales, qui restent à des prix abordables, autour de 10€. Les Grands crus ne représentent qu'une infime partie de nos vins.

Cette image est un handicap car le consommateur risque d'appréhender nos vins en se disant qu'ils sont trop chers, et de s'en détourner, sans même les regarder. Un des principaux challenge, dans les années à venir, consiste donc à continuer à beaucoup expliquer et communiquer sur l'accessibilité et la grande diversité de nos vins".

La détention et la culture de la vigne, la force de la Bourgogne

"Les principales forces de la Bourgogne résident justement dans cette diversité des vins et des terroirs. Mais il y a aussi son lointain passé viticole, qui nous permet de nous inscrire dans le temps, et son tissus d'entreprises. Ces dernières ont su conserver une taille humaine, que ce soit du côté des vignerons comme du négoce.

Ces entreprises sont restées familiales, avec un lien fort avec la terre, qui a su être conservé. Des structures dans lesquelles le marketing et le compte de résultat ne sont pas les seuls à compter.

On constate aussi ces dernières années un « entre-croisement » des activités des deux familles : le négoce devient de plus en plus propriétaire foncier et les vignerons vendeurs et négociants. C'est une bonne chose.

Ce lien avec la terre explique qu'en période de crise ou de difficultés, ces entreprises font le dos rond et continuent ; la recherche de la seule rentabilité économique n'est pas leur objectif et l'outil de travail est préservé. Notre terre, on y tient farouchement ! Ce lien à la terre, et les complications qui vont avec, nous permettent aussi de rester humbles et de retourner aux fondamentaux de notre métier. C'est une force.

Le fait d'être resté vigneron est aussi un avantage car l'authenticité, le lien avec l'Histoire et la culture, sont autant d'éléments recherchés par les consommateurs. Nous devons le mettre plus en avant encore."

Mais une force qui est aussi compromise...

"Mais cette force est aussi menacée car il est de plus en plus difficile de préserver ce foncier au niveau des structures familiales. L'image et la belle valorisation des vins attirent les investisseurs, ce qui fait grimper la valeur du foncier.

La transmission est devenu un véritable souci, car il est devenu très coûteux de s'installer pour un jeune, avec des montants très élevés de capitaux à reprendre.

Il faut pourtant parvenir à la poursuivre, car c'est notre outil de travail que l'on pérennise. Selon moi, c'est un vrai challenge pour les années à venir, quasiment aussi important que celui du dépérissement des vignes".

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Tous les commentaires (5)
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Patrick Le 14 janvier 2017 à 12:51:20
Pour ce qui concerne les vins neo zelandais les parts de de marches ont chutes avec la crise de 2008 au Royaume Uni. Maintenant ils ont a nouveau le vent en poupe. Pourquoi? Pendant des annees ils ont baisses leurs prix pour regagner des parts de marche. Quand on met un pinot noir de Nouvelle Zelande a cote d"un pinot noir regional et bien le bourgogne il se prend une une veste comme au rugby parce que en bourgogne ils ne sont pas fichu de faire un vin potable autour de 10 euro et c"est dans cette tranche que la bourgogne perd ses marches. Alors probleme de production surement mais aussi probleme de prix et de qualite. Quand on sait que les couts de transport pour les neo zelandais sont enormes! Reflichissont et reprenont notre copie messieurs. Je vous souhaite beaucoup de chance mais ne vous faites pas d'illusions ca ne sera pas suffisant. Amities
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Pier? Le 11 janvier 2017 à 19:50:39
Bonjour M. Gueguen, Intéressant votre analyse. Vous faites ressortir les principaux constats de fait reliés aux limites et aux forces de la filière... de vrai constats, mais pas de proposition de solutions concrètes. Je suis québécoise qui viens de terminer en juin 2016 un BTS viti-oenologie au CFA de Beaune. J'ai eu l'occasion de travailler en même temps que j'ai étudié - BTS alternance. Au cours de cette année, j'ai constaté un réel manque solidarité des vignerons face à ses problématiques et une trop grande importance des institutions qui jouent un davantage des rôles "politique " plutôt que de réellement défendre les des intérêts des producteurs ... Beaucoup de discussions - échanges sur les problématiques, par contre, j'ai perçu un réel manque de volonté, de capacités aussi et d'intérêts des producteurs de s'organiser ... ils se font plutôt organiser .... Aussi, les règles de production .... centrées sur le contrôle (corporatiste), ne facilitent ni n'encouragent pas les innovations et la proactivité des producteurs... trop contraints.... ils sont donc en mode "attentistes" que les solutions viendront de l'extérieur... Enfin, j'ai aussi constaté suite aux 12 présentations des organisations liées à la filière, qu'il y a des duplications et un réel manque de concertation entre les structures - ce qui amène la compétition entre elles et le manque de cohérence face à l'appropriation des problématiques et conséquemment des "solutions stratégiques" et "actions concrètes" à prendre : les actions urgentes, les actions essentielles dans le court, moyen et long terme... Voilà, je m'arête là. En espérant que mes commentaires vous seront utiles !
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Fran?ois Legouy Le 28 décembre 2016 à 19:44:43
Il faut nuancer votre propos. Tous les prix entre le passage du franc à l'euro ont quasi doublé, parfois bien davantage : regardez le prix actuel de la baguette de pain ou celui du café, (à comparer au salaire des fonctionnaires qui, lui, n'a pas été multiplié par deux ou plus, il s'en faut de beaucoup)... D'autre part, vous oubliez de dire que les dernières récoltes en Bourgogne ont été particulièrement maigres. La Bourgogne faisant partie des trois vignobles français (CBB) où le prix du vin est élevé, et le vin de Bourgogne s'étant fait beaucoup plus rare et tout ce qui est rare est cher, alors forcément le vin de Bourgogne est plus cher... D'autre part, le marché à l'export n'est pas exactement le même que le marché national (avec des processus de revente et de plus-value, en particulier dans les pays qui fonctionnent comme des hubs, par des intermédiaires qui sont toujours plus nombreux) et il n'y a pas que la GD qui pratique des prix abordables, surtout si on cherche bien, et pas que dans le Jura... Enfin, et sans vouloir vous offenser, un "chardonnay" du Jura n'est pas le même vin qu'un "chardonnay" de Bourgogne ou même d'Australie...
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Andr? Deneboude Le 28 décembre 2016 à 15:44:22
La Bourgogne récolte ce qu'elle à semé depuis 2002 pour le Marché Export !!! Les vins de Bourgogne Blancs & Rouges Générique de qualité proposé autour de 10,00 Euros n'existent plus, chez les Importateurs & Cavistes..... Il faut aller en GD ou effectivement ceux-ci se retrouvent en dessous de 10,00 Euros ou la qualité proposé par des Gros faiseurs est Inacceptable, surtout en rouge. En ce qui concerne, l'achat des Appellations Villages, chez les Importateurs & Cavistes qui proposent des Vignerons de Bourgognes qui font la qualité, il faut débourser plus de 12,00 euros pour les Blancs et 20,00 Euros pour les Rouges. Actuellement, les meilleures affaires en Bourgogne, en blancs comme en rouges restent les 1er Cru. Seul bémol, là aussi, il faut débourser entre 25,00 & 50,00 Euros pour une bte de qualité. Avant le passage à l'Euro ces mêmes Distributeurs & Cavistes proposés des 1er Cru en blancs et en Rouges entre 150 & 200 FF, soit la moitié du prix proposé actuellement. Déguster une bonne bte de Bourgogne de qualité actuellement à la maison représente un budget et cela devient dés lors un vin que l'on déguste que pour des bonnes Occasions, dommage !!! La Bourgogne conccurencée à l' Export par les vins de Nouvelle Zélande? Si vous aimez les Chardonnay & Pinot Noir de qualité à des Prix abordable, sans pour cela acheter des vins de Nouvelle Zélande, je vous convie à découvrir les Vins du Jura et de la Savoie. Salutations Vineuses.
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Fran?ois Legouy Le 27 décembre 2016 à 21:25:30
La procédure pour agrandir les aires d'appellation sera d'autant plus longue que le nombre d'agents de l'Inao est en forte réduction et cela ne va pas s'arranger. Si l'interprofession ne réagit pas face à cette réduction drastique, c'est tout le système des AOP qui sera bientôt paralysé... Mais n'est-il pas trop tard ?
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