uels sont les besoins de ma vigne en azote ? Des apports sont-ils nécessaires ? Si oui de combien ? Telles sont les questions que se posent bon nombre de viticulteurs chaque année. Mais aucun outil ne leur permet d'y répondre précisément.
C'est sur ce constat qu'est né il y a trois ans le projet « N-pérennes ». L'objectif : mettre au point un outil de conseil en fertilisation azotée, adapté aux cultures pérennes (vigne et arboriculture) et à leur réalité agronomique. Une mission confiée à l'IFV et à différents partenaires (1). Pour cela, les porteurs du projet se sont basés sur un outil existant en grandes cultures : Azofert. Celui-ci consiste en la réalisation d'un bilan en azote minéral complet. Il calcule toutes les entrées et les sorties d'azote sur une période donnée en prenant en compte les données climatiques. Il en déduit la dose à apporter et établit des recommandations sur son fractionnement. Il est utilisé sur une quarantaine de cultures annuelles. Mais ce qui est vrai avec le blé ou la betterave, ne l'est pas en viticulture, ni en arboriculture. L'IFV et ses partenaires ont donc dû revoir de nombreux paramètres d'Azofert pour que l'outil puisse être décliné en viticulture et en arboriculture.
Après plusieurs mois de travail, le 18 octobre ils ont présenté un prototype à près d'une cinquantaine de personnes (conseillers viticoles, techniciens en arboriculture, laboratoires d'analyse, fabricants d'engrais). L'outil s'appelle N-pérennes. Son fonctionnement est simple mais nécessite toutefois une prise en main. L'utilisateur se connecte à l'outil via une interface de saisie en ligne. Il arrive sur différents onglets qu'il doit renseigner : caractéristiques de la parcelle et du type de sol, mode d’entretien du sol, devenir des bois de taille, objectif de rendement, reliquat azoté…
Une fois qu'il a rempli tous les champs, l'utilisateur lance l'analyse. Au bout de quelques secondes, le résultat apparaît sous la forme d'un tableau récapitulatif assorti si besoin de la préconisation d'un apport.
Pour évaluer la fiabilité de l'outil les concepteurs ont réalisé différents tests. Ils ont notamment confronté les préconisations du prototype aux résultats d'expérimentation. Ils ont ainsi effectué 166 tests en viticulture. « Dans 51 % des cas, les préconisations étaient correctes », indique Jean-Yves Cahurel, de l'IFV. Mais souvent l'outil surestime les besoins. Dans 26 % des cas, il a ainsi préconisé un apport alors que ce n'était pas nécessaire. L'inverse est plus rare. Il n'y a que 7 % des cas où l'outil n'a pas préconisé d'apport alors qu'il en fallait un. Enfin dans 16 % des situations, le prototype a conseillé un apport qui était soit trop important, soit trop faible.
Autre observation : souvent le prototype ne conseille aucun apport (42 % des cas). Mais cela est justifié dans 82 % des situations.
« Les résultats sont encourageants mais montrent que l'outil doit encore évoluer pour être déployé », note Jean-Yves Cahurel. Une fois opérationnel, il sera destiné aux conseillers agricoles et aux viticulteurs avertis. Restera juste à lui trouver un nom « plus vendeur »
(1) Inra, LDAR, Montpellier-Supagro, ACTA, Chambres d'agriculture, Comité Champagne, BNIC, CEHM