es historiens n’ont de cesse de le répéter : au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le vignoble bordelais était majoritairement blanc (de l’ordre de 60 %). Il n’est devenu rouge que progressivement (jusqu’à 88 % du vignoble actuel). Tenant donc d’un certain atavisme, l’apparition de cuvées blanches dans certains grands crus classés (Guiraud, Cos d’Estournel, Margaux, Palmer, Yquem…) a surtout le bonheur de plaire aux marchés friands de diversification et d’étiquettes en quantités limitées.
Cette mode vient de passer sur la rive droite, avec le château Cheval Blanc (groupe LVMH) lançant tout juste la commercialisation de 4 500 bouteilles de son millésime 2014 en AOC Bordeaux. Révélée par Jane Anson dans la revue Decanter, cette nouvelle cuvée doit à terme monter à 20 000 cols. Sa production sera assurée par 6,5 hectares de sauvignon blanc et de sémillon, issus de la propriété voisine de la Tour du Pin (8 ha, vendue en 2006 par la famille Moueix). Cette cuvée prend le même nom que le deuxième vin du château (Petit Cheval, créé en 1988).
Commercialisées par la place de Bordeaux, sans passer par la case primeurs, ces bouteilles devraient être vendues aux alentours de 90 euros précise le Sud-Ouest. Quotidien auquel Pierre-Olivier Clouet, le directeur technique du château Cheval Blanc, explique qu’il s’agit du « fruit de huit ans de travail. Partis d’une page blanche, nous avons commis nos propres erreurs avant d’obtenir un résultat digne de Cheval Blanc ».
Le résultat semble être à la hauteur de l’ambition, à en croire la dégustation extatique de Jane Anson : « un premier millésime grandiose, avec de nets arômes de citrus et une excellente rétractation en fin de bouche, qui laisse une impression de minéralité et de fraîcheur. Espérons que Bordeaux a encore de la place pour un nouveau vin blanc iconique. »