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Cépages résistants
La capacité d’adaptation de l’oïdium plus forte que des gènes pyramidés ?

Si le débat scientifique sur les nouvelles variétés se focalise sur leur nombre de gènes de tolérance, le pouvoir de mutation de pathogènes virulents pourrait les contourner quoiqu’il en soit.
Par Alexandre Abellan Le 19 juillet 2016
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La capacité d’adaptation de l’oïdium plus forte que des gènes pyramidés ?
D'après sa lecture des résultats de Lance Cadle-Davidson, Alain Carbonneau est persuadé que les arguments de précaution de l'INRA ne peuvent plus retenir les cépages d'Alain Bouquet. - crédit photo : USDA/DR
L

es vignerons ayant planté des hybrides dits résistants vous le diront, les nouveaux cépages sont ne sont pas résistants, mais tolérants aux maladies cryptogamiques (présentant des nécroses et réactions de défense au mildiou et à l’oïdium). Et en pratique, ces variétés nécessitent en pratique une poignée de traitements chaque année, contre des maladies secondaires de la vigne (comme l’antrachnose).

Mais pour l’équipe du chercheur américain Lance Cadle-Davidson (Université Cornell de New York), ces traitements vont au-delà du simple soutien. Ils revêtent une importance stratégique pour réguler les populations de pathogènes et limiter les risques de contournement des résistances génétiques par l’oïdium. Notamment le gène Run1, qui régule une forme majeure de résistance à l’oïdium, mais aussi les gènes Run2 et Ren1. Et ce même s'ils sont réunis par des cépages polygéniques.

Gestion de la virulence

S’intitulant « Stratégies de déploiement de Run1 en utilisant Run2 et Ren2 pour gérer l’oïdium de la vigne », la récente étude de l’équipe américaine de Cornell mesure les effets concrets de la stratégie d’obtention variétale reposant sur la patiente accumulation, par rétrocroisements successifs*, de gènes de résistance.

Notamment prônée par l’Institut National de Recherche Agronomique (l’INRA), via son programme ResDur*, cette approche prudente doit obtenir des individus aux résistances polygéniques (reposant sur plusieurs gènes majeurs) et non plus monogéniques (n’impliquant qu’un gène majeur). Cet aussi long que patient travail de pyramidage génétique doit ainsi maximiser la résistance des nouveaux cépages, en limitant la pression de sélection sur les populations de pathogènes. Ceci afin de réduire les risques de contournements, comme ceux constatés sur Regent en Europe de l’Est, et confirmés au laboratoire par l’INRA (sur Bronner, Prior et Regent).

On ne peut plus rationnelle, cette stratégie ne serait pas suffisante pour protéger les trésors viticoles que sont les gènes résistance selon les résultats de l’étude américaine. Les essais réalisés en laboratoire démontrent que même des gènes polygéniques ne peuvent assurer une résistance à des populations d’oïdium particulièrement virulentes (ne se trouvant cependant qu’aux Etats-Unis). Face à ces populations s’adaptant et contournant les résistances, le papier conclut que « pour les combinaisons de gènes de résistance actuellement disponible, il est recommandé d’utiliser des stratégies de gestion complémentaires, incluant l’application de fongicides pour réduire les populations virulentes ».

« Il apparaît clairement qu’il est peu pertinent de combiner naïvement des gènes de résistance et espérer qu’ils amélioreront sa durabilité » confie le chercheur Lance Cadle-Davidson dans un échange avec son collègue français Alain Carbonneau, particulièrement intéressé par les conséquences que ces découvertes pourraient avoir sur la stratégie d’obtention variétale dans la filière française

Le pyramidage de gènes n’offre pas une garantie absolue de non-contournement de la résistance, même s’il tend à le retarder


« Même des cépages à gènes de résistance pyramidés ne pourront scientifiquement apporter la garantie d'absence de contournement de résistance » pose Alain Carbonneau dans le dernier éditorial du Progrès Agricole et Viticole qu’il dirige. Retraité de l’école d’agriculture de Montpellier, le professeur juge désormais acquis que « le cumul de deux gènes majeurs n'élimine pas le risque de contournement ou d'affaiblissement de la résistance à l’oïdium. On peut dire que le pyramidage de gènes majeurs réduit ce risque, mais ne le supprime pas ! »

Cette position est pour Alain Carbonneau un nouvel appel à mettre sur le marché les variétés résistantes obtenues par son camarade, le défunt Alain Bouquet, et actuellement gardées sous clés à l’INRA de Pech Rouge. Ce qui revient à une nouvelle attaque contre la stratégie d’obtention variétale arrêtée par l’INRA, avec son programme ResDur.

« La valeur de la résistance s’apprécie à la fin au vignoble. Donc dans la mesure où un génotype résistant présente le potentiel de devenir une variété et notamment produit un vin de qualité, même s’il est identifié comme ‘monogénique’, il n’en est pas pour autant écartable d’une sélection et d’une inscription au catalogue » conclut Alain Carbonneau, pour qui « tout ceci renforce la détermination de l'équipe de Pech Rouge à transférer de tels cépages d'autant que certains sont particulièrement qualitatifs ».

 

* : Ce programme repose sur les croisements de Vitis vinifera et Muscadinia rotundifolia, concernant les gènes majeurs Rpv1 pour le mildiou et Run1 pour l’oïdium. Les premiers cépages ResDur seront inscrits au catalogue national en 2017.
 

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