e mildiou est-il capable de s’adapter aux cépages résistants ? Oui, selon les travaux de l’Inra de Bordeaux qui viennent d’être publiés dans la revue Evolutionary Applications.
Au cours de l’été 2012, les chercheurs ont collecté des souches de mildiou sur des cépages sensibles et sur des cépages résistants. Ils les ont prélevées dans différents vignobles situés en France, en Allemagne et en Suisse. Puis courant 2013, en conditions contrôlées ils les ont inoculées sur trois cépages résistants allemands : Regent, Prior et Bronner. « Ce sont des variétés dont la résistance est partielle, c’est-à-dire que la quantité de symptômes est réduite mais le pathogène est toujours capable d’infecter la plante », précise Chloé Delmas qui a conduit ce travail. Ils ont également inoculé les différentes souches de mildiou sur un cépage sensible : le cabernet sauvignon.
Premier résultat : toutes souches confondues, la sporulation du mildiou sur les variétés résistantes est bien moindre que sur le cabernet sauvignon. En conditions de laboratoire, sur des disques foliaires, elle est réduite de 92 % sur le Bronner, de 71 % sur le Prior et de 58 % sur le Régent. Ces cépages résistants sont donc globalement efficaces pour contrôler le mildiou.
Toutefois, il existe des différences de comportement entre les souches « naïves » prélevées sur des cépages sensibles et celles prélevées sur des cépages résistants. Les souches issues des cépages résistants ont produit beaucoup plus de spores que les souches « naïves » lorsqu’elles ont été inoculées sur les cépages résistants allemands. En outre, elles l’ont fait beaucoup plus rapidement, ce qui signifie que les cycles vont s’enchaîner plus vite.
«Lorsqu’on compare la provenance des deux isolats, on voit bien que les souches issues des cépages résistants se sont adaptées à leur environnement, à leur hôte », analyse Chloé Delmas. Cette adaptation conduit à une réduction potentielle de la résistance de l’ordre de 26 % sur Régent et Prior et de 7 % sur Bronner. Les chercheurs parlent d’érosion de la résistance.
« Si l’on veut que ces variétés perdurent dans le temps, il faut donc les traiter un minimum de fois, bien entendu beaucoup moins que les variétés sensibles », explique Chloé Delmas.
En revanche, en condition de laboratoire, les souches prélevées sur des cépages résistants ne sont pas plus agressives vis-à-vis du cabernet sauvignon.
Les chercheurs ont réalisé un travail similaire sur l’oïdium. Ils en arrivent aux mêmes conclusions.