Avant la fin avril, nous allons implanter deux sites de mesure de la Valeur agronomique technologique environnementale (ou VATE) pour de nouveaux cépages résistants, dans le Gers et dans le Tarn. Du moins, s’il s’arrête de pleuvoir… », glisse Olivier Yobrégat, le responsable Sud-Ouest du matériel végétal pour l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). D’une surface de 0,5 hectare chacune, ces parcelles d’évaluation réuniront 12 variétés blanches (à Mons) et 14 cépages rouges (à Gaillac).
L’objectif de ces essais au champ est de récolter un maximum de données agronomiques et organoleptiques sur ces variétés non traitées, du poids des baies et des sarments aux essais de vinification, en passant par la comparaison avec des témoins traités (colombard en blanc et merlot en rouge). Strict, le protocole VATE impose des répétitions au sein de chaque parcelle et sera doublé dans l’Aude et dans le Vaucluse. Les premiers résultats seront obtenus dès la troisième feuille et nécessiteront au moins trois campagnes de mesures.


Le temps de mener à bien la procédure VATE, « on n’inscrira pas ces variétés avant 2022-2023 », prévient Olivier Yobrégat, qui défend la vision à long terme du programme Inra-IFV d’obtention de variétés à résistance durable (ResDur). « Ces variétés doivent répondre aux demandes des viticulteurs en vins IGP et sans IG, précise Olivier Yobrégat. Nous cherchons des variétés résistantes qui sont correctes. D’autres programmes travaillent sur des variétés plus spécifiques et régionales. »
Issues du programme ResDur (résistance durable) développé par l’Inra et l’IFV, ces variétés ont déjà été sélectionnées pour leur potentiel génétique de résistance au mildiou et à l’oïdium*. Il s’agit de la deuxième vague de variétés ResDur, avec des résistances provenants de Vitis rotundifolia (comme pour la première génération ResDur), mais également de la variété asiatique Vitis amurensis. « En pyramidant les sources de résistance, on évite au maximum les risques de contournement », explique Olivier Yobrégat.
Actuellement, les premières et deuxièmes générations possèdent deux paires de gènes de résistance à ces maladies cryptogamiques. Pour l’instant en cours de sélection précoce, la troisième génération ResDur cumulera les gènes de résistance des deux premières vagues. Leur plantation au vignoble n’est pas prévue avant 2020. « Une fois que le pyramidage des résistances au mildiou sera finalisé. On pourra intégrer des gènes de résistance au black-rot. Car on observe les maladies secondaires (anthracnose, black-rot…), qui apparaissent dès que l’on arrête les traitements contre le mildiou et l’oïdium », rapporte Olivier Yobrégat.
En attendant, les premières générations de ResDur doivent être commercialisées en 2018, avec deux variétés blanches (« une marquée thiol et l’autre plus neutre, mais plus productive », explique l’expert) et deux cépages rouges (« un précoce et tannique, l’autre plus productif »).
* : Une sélection précoce en pot a également permis de connaître au préalable leur couleur, leur précocité…