lors que la nouaison touche à sa fin dans le vignoble bordelais, la pression du mildiou reste forte, mais n’affole plus les opérateurs. « On a eu une huit jours difficiles mi-juin. Il pleuvait tout le temps après la fleur et il était compliqué de faire quoique ce soit. En anticipant bien, on a réussi à ne pas être à découvert » témoigne Benjamin Vimal, le directeur technique du château Lagrange (grand cru classé de Saint-Julien). « Les sorties sur feuilles sont plutôt maîtrisées, actuellement les ravageurs sont sous contrôle» confirme Bruno Samie, le coordinateur du Conseil Viticole de la Chambre d’Agriculture de Gironde (à partir des observations du réseau de 200 parcelles). Pour lui, la campagne 2016 « est sans commune mesure avec l’an dernier. Il y a moins de black-rot, on a un peu de rot gris sur fleur, ça et là on trouve du rot brun. Mais le vignoble est globalement sain »


Après le développement tonitruant du mildiou en mai 2015, c’est presque une surprise pour certains vignerons bio de n’arriver à l’été 2016 qu’avec quelques taches sur leurs feuilles. « Ce n’est pas une question de mode de production » pondère Eric Maille, animateur technique viticulture pour AgroBio Aquitaine. Il estime que la différence se fait tout simplement « sur les facteurs de base qui font toute la différence : l’organisation du travail, la réactivité pour traiter et la qualité de la pulvérisation. En bio comme en conventionnel, les quelques domaines et parcelles qui ont beaucoup de dégâts ont connu à un moment ou un autre un défaut de traitement. » Si les cas de perte de récolte resteraient marginaux, il n’était pas évident de maintenir une couverture optimale sur les zones où la pluviométrie du premier semestre s’apparentait à celle d’une année complète.
« Nous n’avons pas encore compté les grappes, mais je suis optimiste. J’ai l’impression que les sorties sont importantes en nombre. Dans 90 % des cas la floraison, s’est bien passée. Il n’y a eu qu’un peu de millerandage sur les parcelles tardives » rapporte Benjamin Vimal. Globalement, « le potentiel de rendement est intéressant » surenchérit Bruno Samie. « Le potentiel était plutôt correct avant la fleur, et, sauf accident climatique, on l’a conservé. On a pu constater de la coulure et du millerandage sur certains cépages précoces (cabernet franc et merlot), mais cela reste minoritaire. »
« Comme les trois dernières années, il y a une belle sortie. Le problème c’est de savoir si la pression des maladies ne va pas l’entamer avant les vendanges » nuance déjà Eric Maille. L’expert souligne que la pression de mildiou est déjà particulièrement forte, « plus que 2013, mais pour l’instant moindre qu’en 2007 et 2008 ». Il suffit de voir l’état d’un rang de vigne non traité pour se persuader de la pression cryptogamique actuelle.
Alors que les vignes bordelaises sont en général au stade grain de pois (avec certains pieds en fin de floraison et d'autres déjà à la fermeture de la grappe), la pression mildiou reste à l’esprit des viticulteurs. Avec l'arrivée de l'été, ils se posent désormais la question de l’ampleur à donner à leurs travaux d’effeuillage, voire des vendanges en vert.