vec 174,3 millions de cols pour 2,66 milliards d’euros de chiffre d’affaires, les expéditions de cognacs affichent une impressionnante croissance de 9,5 % sur l’année mobile s’achevant en mars 2016. Une performance bien au dessus de celle prévue par le Business Plan interprofessionnel, qui tablait sur une croissance de 5,5 %. Vue depuis certaines maisons de négoce, cette prouesse devrait entraîner immédiatement une révision anticipée du plan stratégique charentais, afin de mettre à jour les paramètres du modèle et adapter l'offre en eaux-de-vie à la demande croissante. Ce qui revient à espérer de nouvelles plantations, pour hisser le potentiel de production charentais à ses marchés. Mais en l'état, le Businss Plan actuel n'envisage pas de nouvelles plantations avant, au moins, 2017*.
« Les ventes sont bien au-delà des prévisions, les mises en stock d’eaux-de-vie aussi. Tous les indicateurs de pilotage sont au vert » reconnaît avec satisfaction Patrice Pinet, le président du Syndicat des Maisons de Cognac (regroupant 32 négociants). Mais pour lui, pas d'emballement. Les fondamentaux du Business Plan ne sont pas remis en cause au point d'entraîner de facto une révision du Business Plan. En revanche, il estime, prudemment, que le plan prévisionnel pourrait être plus adapté au nouveau régime d’autorisations de plantation de la vigne.


« Le nouveau cadre réglémentaire de plantation perturbe la façon de manager les plantations » explique Patrice Pinet. « Le Business Plan actuel nous impose d'attendre avant d'effectuer des plantations importantes. La question serait de ne pas attendre aussi longtemps que prévu, mais de planter plus tôt et plus progressivement. »
Moins prudents hors micro, d'autres représentants de la filière (y compris du vignoble) estiment qu'une révision anticipée du Business Plan peut être attendue avant la fin de l’année. Les lignes pourraient rapidement bouger, avec le lancement des discussions sur le prochain contingent d’autorisations de plantation pour le bassin viticole de Cognac. Une décision doit être prise pour le conseil de bassin du 4 juillet prochain, la réunion préparatoire de la Fédération des Interprofessions du Bassin Viticoles Charentes-Cognac n'ayant rien acté pour l'instant.
* : La prochaine révision du Business Plan est actuellement prévue pour 2018, au renouvellement de la présidence du Bureau National Interprofessionnel du Cognac
Si Patrice Pinet a un discours très attentiste et patient, la position de la première maison charentaise, Hennessy (groupe LVMH), est nettement plus pressante en matière de révision du Business Plan. Le président de Hennessy, Bernard Peillon, ne s'en cache pas. Et il répète depuis ce début d’année que les viticulteurs ne doivent pas avoir peur de s’engager dans une extension du vignoble.
Chez la deuxième maison charentaise, Martell (groupe Pernod Ricard), on est moins insistant, mais pas moins intéressé. « On peut se féliciter d’avoir un outil de projection à 15 ans. Il n’y a jamais rien qui colle dans une projection. les ventes sont supérieures, la production aussi. Si demain il faut réviser le business plan, nous y sommes favorables » confie Pierre Joncourt, le directeur des opérations de Martell.