Le champagne n'est pas intouchable, mais il est au-dessus du panier." Cette observation signée Yves Legrand, président du syndicat des cavistes professionnels et caviste lui-même au "Chemin des vignes", démontre la force du champagne dans le marché des bulles.
La dernière étude Equonoxe sur le marché des vins effervescents chez les cavistes illustre parfaitement cette assertion. Les champagnes représentent 83 % du chiffre d'affaires des effervescents des cavistes. Il tient donc une place privilégiée dans leur offre : 37 référence de champagne en moyenne pour 7 références d'autres effervescents. "Les champagnes de vignerons ont vraiment la cote, a commenté Yannick Branchereau, directeur général du groupe Lavinia. Avec un coeur de gamme entre 35 et 40 euros, nous en vendons davantage que des champagnes de marque." La faute à un produit trop marketé, selon lui, alors que les champagnes de vignerons offrent des histoires qui plaisent aux consommateurs, prêts à y mettre le prix.
Bulles moins prestigieuses
Ceux-ci sont également prêts à acheter des bulles moins prestigieuses. 82,3% des cavistes proposent désormais des effervescents français autres que le champagne. Le crémant reste la référence la plus plébiscitée, quelle que soit sa région d'origine, puisqu'il est distribué dans 73,2% des boutiques ayant répondu à l'enquête. Les trois grandes régions privilégiées sont la Bourgogne (présente dans 38,3% des points de vente), l'Alsace (37,7%) et la Loire (34,6%).
"Désormais, les consommateurs n'ont pas peur d'acheter des bulles (hors champagne) à 20 euros, assure Yves Legrand. C'est un montant qui se justifie dès lors qu'on leur explique que le travail du vigneron a un prix." L'étude Equonoxe révèle d'ailleurs que les cavistes n'ont plus de complexes à proposer des crémants, clairette et autres mousseux dont ils sont fiers de vanter les mérites auprès d'une clientèle avide de découverte.
Et les étrangères?
Et les bulles étrangères dans tout ça? Elles restent moins présentes que les effervescents français dans les boutiques des cavistes: seuls 24% d'entre eux proposant des pétillants venus d'ailleurs. Le prosecco arrive en grand premier (18,8% de présence chez les cavistes ayant fait le choix de proposer des bulles étrangères), loin devant le cava espagnol (3,5%).
Mais attention, prévient Yannick Branchereau, en se déclinant en cocktail, le prosecco séduit toujours plus, grâce à une consommation décomplexée. "Entre 2014 et 2015, nos ventes de ces bulles italiennes (vendues pourtant entre 16 et 17 euros), ont connu une progression de +172%!"