ans les antichambres de l’INAO, une Commission vient de renaître de ses cendres : celle de l’examen organoleptique. Réunie le 23 mai, elle a été missionnée par le Comité national de l’INAO pour répondre à une question qui a séché ses membres : est-il possible de rallonger de 25 mots supplémentaires la déjà longue liste de 91 mots de refus établie en 2001 ?
Tout ou une partie de cette liste est utilisée par les dégustateurs lors des contrôles pour justifier d’un avis négatif. Figure pêle-mêle, oxydé, perlant, réduit, etc… Elle va faire l’objet d’une étude approfondie de la Commission, aidée par des œnologues, pour lui donner un coup de jeunesse. Intégration ou non des mots nouveaux, utilisation de ces mots dans un objectif strictement qualitatif et non quantitatif sont les sujets sur la table. La Commission projette également de changer le titre de la liste. « Ce ne sont pas des mots de refus car il n’y a plus d’agrément des vins. Il s’agit de descripteurs négatifs du vin » commente Gérard Boesh, président de la Commission, détaillant ainsi une dialectique du contrôle qualité des AOC qui reste encore floue pour nombre de vignerons.
Cette Commission est créée alors qu’un autre débat anime l’Inao, celui de la définition officielle des « vins nature ». Les deux sujets se croisent et se superposent car les vins natures sont fréquemment recalés à la dégustation de contrôle des vins d’AOC. Bon nombre d’entre eux font le choix de sortir du système d’AOC pour ne plus vivre ces déconvenues qu’ils ne comprennent pas et qu’ils vivent souvent comme une injustice. Leurs pairs ne reconnaissent pas la qualité de leurs vins tandis qu’ils vivent souvent un succès commercial. « Notre commission a été saisie pour réfléchir comment nous pourrions intégrer ces vins dans l’examen organoleptique » précise Gérard Boesch.
La Commission avance doucement, avec les précautions d’un équilibriste, tant le sujet est sensible et les avis tranchés. Composée justement de toute la diversité des opinions, elle prévoit de remettre son rapport à l’automne, ce qui reste relativement court pour un sujet aussi brûlant dans un Institut souvent taclé de lenteur.