n septembre 2015, l'INAO a décidé la nomination d'une nouvelle commission d'enquête pour reprendre à zéro les travaux de délimitation parcellaire des appellations régionales bourguignonnes – Bourgogne blanc et rouges, Bourgogne Aligoté et Passe-tout-grain, Crémant – dans les secteurs où cela n'a toujours pas été fait : dans le chablisien et en Beaujolais. L'Institut s'est engagé, depuis cette date, à ce que la procédure aboutisse d'ici trois ans, soit un délai plutôt court « à l'échelle » de l'INAO.
« L'objectif est que le dossier avance vite mais sans précipitation », a tenu à rappeler sur le sujet Gérard Maitre, président de l'ODG des Bourgogne, lors de l'assemblée générale du 27 avril 2016. Le dossier est en effet sensible et il serait fâcheux pour tout le monde que de nouvelles erreurs soient commises. La pression sur cette nouvelle commission et les enjeux économiques et politiques sont en effet forts sur ce dossier. En toile de fond, le problème de la production et des plantations de vignes des appellations bourguignonnes dans le vignoble du Beaujolais.
Le nouveau système d'autorisations de plantation a en effet introduit une sorte de « chamboulement » réglementaire : le Beaujolais a décidé de ne pas contingenter ses plantations nouvelles, contrairement à la Bourgogne. Les producteurs du Beaujolais ne sont plus autorisés, pour leurs nouvelles plantations, à revendiquer les appellations bourguignonnes en attendant les résultats de la Commission d'enquête. Mais une fois celle-ci achevée, et à condition que leurs parcelles se situent en zone délimitée, ils auront la possibilité de le faire. La Bourgogne craint donc que des plantations massives de chardonnay puissent un jour être revendiquées en appellation Bourgogne ou Crémant. « Ce qui se passe chez nos voisins n'est pas sans nous inquiéter », avait déclaré à ce sujet Jean-Michel Aubinel, président de la CAVB, lors de l'assemblée générale. Mais à ce jour, seule une centaine d'hectares de ce cépage serait plantée chaque année dans ce but.
Côté Beaujolais et négoce, l'attente vis-à-vis de cette commission est également forte, dans la mesure où tant que la délimitation n'est pas faite, les producteurs ne peuvent plus revendiquer, pour leurs nouvelles plantations, les appellations bourguignonnes. Or le Beaujolais représente une source potentielle importante pour les Crémants et les Bourgogne blancs. C'est aussi pour les viticulteurs, un moyen intéressant de diversification de leurs productions.
L'enjeu du « dossier » est enfin politique. D'après les multiples déclarations de Jean-Michel Aubinel, son issue serait en effet la condition sine qua non pour envisager un rapprochement entre les deux vignobles.