a campagne vrac en rosés de Provence AOP indique des transactions en baisse par rapport à la campagne précédente. A fin mars 2016, les volumes vrac échangés en AOP Côtes de Provence étaient en diminution de 10 %, ceux des Coteaux d'Aix-en-Provence de 16,5 % et les Coteaux varois en Provence de 17 % (voir tableau). Une baisse liée au fait que les deux précédentes campagnes étaient particulièrement sous « tension » à cause de faibles disponibilités, précipitant les achats par les opérateurs. « Plus que de retard, il vaut donc mieux parler d'un retour à la normale», justifie donc Michel Couderc, chargé d'économie au CIVP.


Ce « retard » dans les transactions, couplé à des volumes estimés disponibles en hausse dans les trois appellations, font apparaître un différentiel plus important qu'à l'accoutumée entre les ventes contractualisées jusqu'à ce jour et le stock total estimé disponible, tandis que se profile à l'horizon la fin de campagne 2016. Si l'on considère que les volumes supplémentaires qui seront vendus d'ici août 2016 seront équivalents à l'an passé, il devrait même rester un stock conséquent de vins rosés, de l'ordre de 20 % du disponible, en fin de campagne. Un fait inhabituel en Provence, qui fonctionnait ces huit dernières années avec des stocks entre zéro et 15 %.
Mais pour Michel Couderc, il n 'y a pas lieu de s'inquiéter, bien au contraire, il faut même en être « contents ». D'abord, parce que les indicateurs des ventes à l'export sont actuellement au vert, à plus de 20 % de croissance en volume depuis le début de l'année. Une tendance qui devrait se poursuivre dans les mois et les années à venir. Disposer d'un tel stock permettrait donc d'accompagner ce développement et de sécuriser les débouchés, en se mettant à l'abri d'éventuelles ruptures de « lignes » en cas de petite récolte. « C'est donc une bonne chose, assure celui-ci. On peut tout à fait vivre avec un stock de l'ordre de 20 % ou plus : on en a besoin et les producteurs doivent apprendre à vivre avec », poursuit-il, en prenant pour exemple la Champagne, qui « fonctionne » depuis longtemps avec trois années de stocks.
Pour étayer son analyse, l'économiste s'appuie aussi sur le fait que « l'effet millésime » le plus récent pour les rosés ne compte finalement que « très peu » pour les consommateurs, surtout à l'export. « Commercialiser des vins sans faire apparaître le millésime sur les bouteilles, ne pose pas de problèmes particuliers tant que la qualité est au rendez-vous; et d'ailleurs, cela se pratique déjà pour plus de 10% des volumes de Provence, précise t-il. C'est plus une demande des intermédiaires de la filière que des consommateurs eux-mêmes ».
Un autre argument avancé est celui des prix constatés sur le marché du vrac depuis le début de la campagne. Ces derniers ne se sont pas effondrés, tout juste tassés, et ce, malgré ce niveau de stocks conséquent, signe que « l'auto-régulation du marché se met en place ». « Il y a encore du vin à vendre ou stocké volontairement, et il n'y a pas d'effondrement des cours pour autant... », commente Michel Couderc.
Partant de ces différents constats, il ne faudrait donc surtout pas, selon lui, viser à diminuer la production de rosés provençaux pour la prochaine récolte, même si certains vignerons qui ne pourront pas stocker seront contraints de « brader » leurs vins pour faire de la place dans leur chai. « Je les encourage sinon à acheter des cuves ! », conclut l'économiste.
Point sur les volumes échangés en rosés de Provence sur le marché du vrac au 31 mars 2016
Côtes de Provence :
*Volume total marchés vrac et bouteilles 2015-2016 = 990 000 hl (986 000 hl l'an dernier)
*Volume total disponible estimé pour le marché du vrac = 508 000 hl (volume vrac vendu en 2015 = 480 000 hl)
*Volume vendu marché vrac à fin mars 2016 = 388 000 hl (volume vrac vendu au 31 mars 2015 = 434 000 hl), soit -10%
=> Reste environ 120 000 hl de volume estimé potentiel disponible à vendre au 31 mars 2016
Coteaux d'Aix-en-Provence :
*Volume total marchés vrac et bouteilles 2015-2016 = 220 000 hl (207 000 hl l'an dernier)
*Volume total disponible estimé pour le marché du vrac = 120 000 hl (volume vrac vendu en 2015 = 90 000 hl)
*Volume vendu marché vrac à fin mars 2016 = 71 000 hl (volume vrac vendu au 31 mars 2015 = 85 000 hl), soit -16,5%
=> Reste environ 50 000 hl de volume estimé potentiel disponible à vendre au 31 mars 2016
Coteaux varois en Provence :
*Volume total marchés vrac et bouteilles 2015-2016 = 144 000 hl (131 000 hl l'an dernier)
*Volume total disponible estimé pour le marché du vrac = 100 000 hl (volume vrac vendu en 2015 = 94 000 hl)
*Volume vendu marché vrac à fin mars 2016 = 74 000 hl (volume vrac vendu au 31 mars 2015 = 89 000 hl), soit -16,8%
=> Reste environ 26 000 hl de volume estimé potentiel disponible à vendre au 31 mars 2016