Des viticulteurs de Cognac achètent des vignes en Muscadet pour replanter la surface équivalente chez eux. Le syndicat des producteurs s'insurge contre cette pratique qu'il juge déloyale.
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es responsables du Cognac s’alarment : des producteurs locaux sont en train d’acheter ou de louer des vignes dans le Muscadet pour les arracher et replanter la même surface chez eux. L’opération est tout à fait légale avec le nouveau système des autorisations de plantation et depuis que la règle interdisant à une exploitation d’avoir des parcelles à plus de 70 km de son siège a sauté. Il suffit d’inscrire sa nouvelle parcelle au CVI et de faire au moins une récolte. Mais à ce train-là, le vignoble de Cognac va croître de manière incontrôlée.
Affaires juteuses
Sentant que de juteuses affaires sont possibles, des marchands de bien font le lien entre les deux régions. « Ils sont à la recherche de vignes à 10 000 euros », assure un responsable professionnel.
Impossible d’évaluer l’importance de ce nouveau phénomène. « On parle de dizaines d’hectares, indique Stéphane Roy, le président de l’UGVC, l’ODG du Cognac. Ici, les vignes coûtent entre 45 000 et 55 000 euros par ha. En Muscadet, c’est 10 000 euros par hectare. Pour les producteurs, c’est donc moins cher d’acheter des vignes à arracher là-bas qu’une parcelle ici. C’est une affaire, bien sûr. Mais c’est déloyal vis-à-vis de l’ensemble de la viticulture. »
Le syndicat est bien désarmé face à cette situation. Son vignoble étant sans IG, il ne peut pas mettre de contraintes à la replantation. « On appelle tout le monde à se mettre autour de la table pour résoudre ce problème », indique Stéphane Roy. Des réunions sont prévues à FranceAgriMer. Mais, pour l’instant, les fonctionnaires interrogés ne voient pas d’issue.