'Union des maisons de vins de Bourgogne (UMVB), qui représente une cinquantaine de négociants bourguignons, célèbre cette année ses 160 années d'existence : « Fondé en 1856, c'est le syndicat de négociants le plus ancien de tous les vignobles », précise Pierre Gernelle, directeur de l'UMVB. Un négoce très ancré historiquement donc, et qui a gardé son côté « traditionnel ». Les entreprises restent en effet encore largement détenues par des familles issues du vignoble, ou par des propriétaires qui ont un « esprit familial ».
«Nous avons un côté traditionnel, mais nous sommes aussi un négoce qui souhaite se développer », tient à ajouter son directeur... Nous n'avons pas possibilité de le faire en Bourgogne car les surfaces sont limitées ; nous sommes donc ouverts sur le monde », poursuit celui-ci. Une « ouverture » sur le monde qui se traduit par l'acquisition de vignobles dans d'autres régions. « Ce qui caractérise les négociants bourguignons par rapport à nos confrères champenois ou bordelais, c'est qu'ils aiment compléter leur gamme par des vins d'autres régions: Languedoc-Roussillon, Beaujolais, ou encore Vallée du Rhône », indique Pierre Gernelle.
Ce développement passe aussi par l'export, qui représente la moitié des volumes commercialisés par ces entreprises. Certaines maisons vont même jusqu'à écouler leur production quasiment exclusivement à l'export. « Nous sommes proches du modèle champenois, avec des marques, même si celles-ci sont moins fortes qu'en Champagne », ajoute Pierre Gernelle.
En 160 ans, le négoce bourguignon a, par ailleurs, connu de profondes transformations. « D'un négoce très aval, on est peu à peu remonté vers l'amont et sommes désormais un négoce qui vinifie », constate Pierre Gernelle. Au fil des décennies, les maisons de négoce bourguignonnes ont en effet progressivement accru leurs achats en raisins et moûts : 55% des approvisionnements se font désormais sous cette forme, un chiffre encore plus important - 63%- pour les crus. « D'un statut de négociant éleveur, on est passé au statut de négociant vinificateur-éleveur », a confirmé Frédéric Drouhin, devant la centaine de journalistes présents, jeudi soir, à la soirée « Grande maisons, Grands crus ».
Une autre évolution notable concerne la part croissante de vignes détenues en propriété par ces entreprises. Selon Pierre Gernelle, 15% des surfaces bourguignonnes seraient à ce jour entre leurs mains. « Le négoce bourguignon est un négoce terrien, producteur et vinificateur, ancré dans le vignoble », a déclaré Frédéric Drouhin. Mais ce phénomène va aussi dans l'autre sens : les vignerons ont, eux-aussi, tendance à compléter leur propre production par des achats de moûts ou de raisins. « C'est une pratique qui se développe de plus en plus ; on en dénombre plus de 600 actuellement ». Ainsi, les vignerons deviennent négociants, et les négociants, vignerons. Une tendance bien perçue, tout au moins en apparence, par le président de l'UMVB : « C'est positif, c'est la preuve d'une activité dynamique et fertile », a t'il commenté.
Avec plus de 55% des vins de Bourgogne commercialisés et un chiffre d'affaires de 1,7 milliards d'euros, le négoce bourguignon représente un poids « significatif » de la filière viticole bourguignonne.