La confusion sexuelle, destinée à lutter contre les vers de la grappe, eudémis et cochylis, n’en finit pas de gagner des surfaces dans le vignoble. Pour garantir son efficacité, la pose des diffuseurs doit répondre à un certain nombre d’impératifs.
L
e début du printemps marque également celui du début des vols des papillons eudémis et cochylis, donc celui de la pose des diffuseurs à phéromones dans les vignobles. C’est, par exemple, le cas cette semaine à Monbazillac où 56 viticulteurs vont procéder à leur installation sur une surface de 960 hectares de vignes, ou encore à Saint-Estèphe avec 130 hectares supplémentaires qui vont en bénéficier cette année.
Mais, pour garantir la meilleure efficacité possible, un certain nombre de consignes doivent être respectées concernant l’installation des diffuseurs dans les vignes. La première est l’anticipation. Les surfaces « traitées » doivent d’être d’un seul tenant, couvrir un îlot d’un minimum de 5 hectares et avoir une forme la plus compacte possible, en évitant des pointes ou des formes découpées. Une lutte qui doit donc, la plupart du temps, être conduite de manière collective et coordonnée par des viticulteurs leaders, des distributeurs ou des syndicats viticoles d’appellation. « Cela demande de s’organiser à l’avance, pas à la dernière minute », préconise Pierre-Antoine Lardier, responsable de pôle cultures spécialisées chez BASF-Agro.
La date de pose n’est pas essentielle
Concernant le moment de pose proprement dit, BASF-Agro la recommande juste avant les premiers vols de papillons, soit, dans la plupart des régions, fin mars-début avril. « Il faut que l’air soit saturé en phéromones au moment où les papillons s’accouplent, c’est-à-dire environ 15 jours après les premiers vols », détaille l’expert. Mais attention cependant à ne pas les poser trop tôt : « Les Rak ont une durée de vie de six mois, explique celui-ci. Si vous les posez le 15 mars, cela protège jusqu’au 15 septembre… On sera donc limite par rapport à la protection de la vendange. En revanche, une pose début avril vous amène au 1er octobre, date à laquelle les vendanges sont faites. Je n’incite donc pas à poser trop tôt, d’autant plus que les éventuels dégâts sur les inflorescences restent moins graves que ceux sur les grappes… »
La densité de pose recommandée est de 500 diffuseurs par hectare, soit un diffuseur pour 20 m2. Ce nombre doit être doublé sur les rangs situés en bordure de l’îlot, pour créer une « ceinture » de protection. Il est aussi conseillé de mettre en place une zone tampon de 20 ou 30 mètres de large sur les parcelles voisines, afin d’empêcher les femelles fécondées à l’extérieur de la zone confusée de venir pondre à l’intérieur de celle-ci, notamment en cas de vent dominant. Pour aider à l’installation des diffuseurs, BASF propose le logiciel Easy Rak, qui permet d’avoir un plan de pose précis.
Compléter par un traitement insecticide préventif
Pour s’assurer de la bonne efficacité du dispositif par la suite, il est nécessaire, parallèlement à la pose des diffuseurs, de procéder à l’installation de pièges sexuels – ou alimentaires en cas de présence d’eudémis seul – à l’intérieur de la zone confusée : « En cas de captures d’eudémis ou de cochylis, cela signifie soit que le vol est trop important, soit qu’il n’y a pas assez de phéromones ». Poser et relever des pièges également à l’extérieur de la zone couverte est aussi préconisé, afin d’avoir une idée du niveau de risque, grâce au suivi des populations : déroulement des vols et pression du ravageur.
Enfin, le dernier facteur clé pour réussir le démarrage d’une protection par confusion sexuelle tient au niveau de populations initialement présentes dans les parcelles : « La méthode fonctionne bien si la pression est moyenne ou faible », indique l’expert. Si les vignes à protéger sont en première année de confusion sexuelle, ou s’il y a eu de fortes populations de papillons l’année précédente, celui-ci conseille de compléter la pose des diffuseurs par un traitement insecticide préventif en première génération, afin de « parvenir à diminuer les populations en début de campagne et dès la première année ».
Les poseurs de Rak exemptés, pour cette année, de détention du Certiphyto
Après un an et demi d'attente et de discussions, BASF-Agro a reçu une « bonne nouvelle, il y a quelques semaines à peine ». Les personnes qui posent les diffuseurs à phéromones - qui sont souvent des particuliers, des bénévoles non professionnels - n'auront pas besoin pour cette campagne 2016 d'être détenteur du Certiphyto pour pouvoir poser des diffuseurs. « La DGAL nous a informé que pour cette année, seul le responsable de l'îlot devait être certifié, indique Pierre-Antoine Lardier, de BASF-Agro. C'est un soulagement, car cela aurait risqué de condamner cette technique, beaucoup de personnes ne l'ayant pas ».
Mais pour les prochaines années, la règle devrait changer. « Il est possible qu'ils aient à suivre une formation allégée », indique Pierre-Antoine Lardier.
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