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Les stimulateurs de défense des plantes (SDP*) ne sont pas un mythe. Ils peuvent devenir une réalité », promet la chercheuse Marie-France Corio-Costet (Inra de Bordeaux), ajoutant qu’ils « fonctionnent bien sur le botrytis et pas mal sur le mildiou et l’oïdium ». Débordant d’optimisme, la chercheuse présentait, lors de la matinée des œnologues de Bordeaux, ce 18 mars, des résultats qui attestent de leur efficacité… Mais toujours en complément de traitements pesticides : « Les SDP ne peuvent pas remplacer un fongicide, ils ne permettent que partiellement de protéger la plante », martèle Marie-France Corio-Costet. Et pour dissiper tout malentendu, la chercheuse ajoute que « tous les SDP ne sont pas égaux. Seul certains permettent de protéger partiellement la plante ».
N’ayant pas d’effet biocide, les SDP peuvent inciter la vigne à résister à une agression par hypersensibilité (nécroses localisées) ou par une résistance généralisée. Pendant au moins trois ans, Marie-France Corio-Costet rapporte des résultats d’essais réalisés sur des cépages bordelais soumis à de fortes pressions fongiques. Les expériences ont comparé des pieds témoins non-traités avec d’autres où était épandu soit un fongicide classique, soit des SDP.
D’après ces essais, les SDP apparaissent bien comme des compléments aux traitements de fond pour le mildiou, avec des feuilles protégées de 20 à 70 % par rapport aux témoins non-traités, variant selon le cépage et les molécules de SDP, pour quatre à cinq traitements selon la pression. Les résultats sont sensiblement identiques pour l’oïdium, les SDP conférant une protection du feuillage de 30 à 70 % pour quatre traitements. Les résultats sont très prometteurs pour la protection contre le botrytis avec trois traitements, des SDP ayant des efficacités identiques à un fongicide.
Mais ne cherchez pas à savoir quelles molécules présentent d’aussi bons résultats. Actuellement, elles gardent des noms de code, le temps de sécuriser l’obtention d’autorisation de mise sur le marché. Il peut donc s’agir de produits bactériens, fongiques, inorganiques, végétaux ou de synthèse. Certains seraient déjà commercialisés pour d’autres cultures, glisse Marie-France Corio-Costet. En attendant, ces nouveaux produits antibotrytis, des travaux restent à mener pour tester la durabilité de leurs effets sur divers cépages. Et surtout développer de nouvelles stratégies de traitement, « en trouvant les meilleurs couples entre fongicides et SDP, les taux de réduction des doses, les meilleurs produits selon la pression… », liste Marie-France Corio-Costet.
La scientifique est actuellement à la recherche de financements pour poursuivre ses travaux sur les maladies du bois, de premiers résultats indiquant de possibles réductions de symptômes (de 40 à 66 %) avec un à deux traitements de SDP sur des ceps atteints. Pour l’instant, elle n’a pas d’inquiétude pour la suite de ce projet, misant sur l’intérêt grandissant des firmes phytopharmaceutiques pour ces alternatives à la gestion sanitaire du vignoble
*Oubliez le terme de stimulateur de défense naturel (SDN), la recherche a finalement opté pour le terme SDP, évitant toute ambiguïté entre l’aspect naturel de la molécule ou celui de son système de défense.
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