L
’évolution des ventes du Château de Chasselas, petit domaine de 12 has situé dans la partie nord du Beaujolais, à Chasselas (Saône-et-Loire), est la parfaite illustration des tendances actuellement observées sur le marché : une désaffection du beaujolais et un attrait grandissant pour les vins effervescents de la part des consommateurs. Pour faire face à la demande croissante de ces derniers, le domaine a en effet réorienté progressivement sa production de beaujolais rouge, « qui a une image dégradée », vers celle de mousseux rosés en AOP Bourgogne, produits à partir du gamay. Deux vins effervescents, l’un sec et l’autre doux, sont donc produits depuis quatre ans et commercialisés à 9,20 € le col, donc « à une meilleure valorisation que celle du beaujolais, qui se vendait aux alentours de 6 ou 7 € la bouteille », précise Jean-Marc Veyron la Croix, propriétaire du château. Mais surtout, ces nouveaux produits « se vendent », celui-ci n’a donc plus « de stocks sur les bras ».
Le chardonnay, destiné au départ à produire du beaujolais blanc, est, quant à lui, de plus en plus utilisé pour produire du crémant de Bourgogne : deux cuvées sont élaborées, dont l’une, « haut de gamme », vient d’être lancée « pour compléter la gamme ». Son nom : « By Baron Veyron la Croix ». Vendu au tarif public de 12 € – contre 9,50 € pour la première – ce nouveau produit effervescent est destiné à satisfaire les attentes de la clientèle du domaine. Celui-ci développe une activité de réceptions de mariages, à raison de 25 à 30 chaque année. Cette activité donne lieu à une commande de plusieurs centaines de bouteilles à chaque mariage. « Depuis deux ans, j’ai noté un net changement chez nos clients : le champagne est devenu cher, ils font plus attention aux prix et sont aussi disposés à acheter des crémants, qui ont beaucoup progressé en qualité et en notoriété, explique le vigneron. Cette nouvelle cuvée, plus chic, répond donc à ce créneau. »
Outre la vente directe, le producteur connaît une progression de ses ventes d’effervescents sur les salons auxquels il participe, mais aussi sur Internet. « Les ventes fonctionnent très bien et augmentent chaque année… Et je sens qu’il y a encore un bon potentiel ! », résume celui-ci. Démarrée il y a trois ans, la commercialisation atteint désormais 8 000 bouteilles. Un chiffre qu’il compte multiplier par deux rapidement, en continuant de planter du chardonnay et en dédiant l’ensemble de sa surface de beaujolais à la production d’effervescents. « Cette diversification est clairement une belle opportunité. Je n’ai aucun regret d’avoir pris ce virage, au contraire, conclut Jean-Marc Veyron la Croix. D’un point de vue des ventes, bien sûr, mais aussi de l’image : ce produit a un caractère festif, plus haut de gamme. Il tire donc notre image vers le haut, à l’inverse du beaujolais, malheureusement… »
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