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Un secteur qui s’est fortement professionnalisé et internationalisé
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Vins bios
Un secteur qui s’est fortement professionnalisé et internationalisé

Ceux qui pensaient y croiser des babas cool et autres hippies auront été déçus. Derrière sa façade à dimension humaine et son approche « démocratique » - tout le monde est logé à la même enseigne - Millésime Bio accueille certains des plus gros acheteurs du monde ainsi que des producteurs parfaitement à l’aise avec une technologie de pointe et un réseau commercial mondialisé. Preuve s’il en fallait, que le marché des vins bios s’est fortement internationalisé ces dernières années et que bien souvent, le label bio n’est pas le premier argument de vente.
Par Sharon Nagel Le 29 janvier 2016
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Un secteur qui s’est fortement professionnalisé et internationalisé
Finis les stéréotypes d’antan, aujourd’hui la production et la commercialisation de vins bio jouent dans la cour des grands. Ici, la société Corvezzo, producteur de prosecco en Vénétie - crédit photo : Corvezzo
C
ertaines régions particulièrement propices à la culture en bio

La présence d’une quinzaine de pays étrangers souligne cette internationalisation, même si certains exposants étrangers affirmaient que Millésime Bio lui-même est « surtout un salon pour les Français ». Il n’en reste pas moins qu’il accueille des opérateurs du monde entier qui raisonnent, non pas en centaines de bouteilles destinées à de petites boutiques spécialisées, mais en millions. Côté production, certaines régions du monde sont indéniablement favorisées. C’est le cas, par exemple, de l’Amérique du Sud. « Lorsque nous nous sommes implantés en Argentine, il y a 18 ans, nous bénéficions de sols vierges, d’un climat favorable, d’une absence de pollution et d’une faune et d’une flore déjà bien installées. Pourquoi aller contre ces conditions ? » s’est interrogé le Français Guillaume Bousquet du Domaine Bousquet à Tupungato, dans la région de Mendoza. L’exploitation, d’une superficie de 260 hectares entièrement certifiés en agriculture biologique, commercialise près de 3,5 millions de bouteilles, issus à 80% de ses propres vignobles. Son analyse est partagée par Alban de Gérin, délégué commercial Europe auprès du Clos Henri en Nouvelle-Zélande, qui appartient à la maison sancerroise Henri Bourgeois. « Le climat est fabuleux, les sols que nous avons achetés étaient neufs, et il était donc logique de travailler en bio même si ce n’était pas forcément notre objectif au départ. Cela s’est imposé comme une évidence ».

 

Les producteurs de vins bios soignent les cépages autochtones

Il en est de même sur l’île de Sicile, fortement représentée à Millésime Bio et pour cause : ses conditions climatiques sont particulièrement propices à la viticulture biologique. « Il est très facile de faire des vins bios en Sicile », confirme Fabio Sireci, propriétaire de la société Feudo Montoni à Cammarata dans la province d’Agrigente. Avec son vignoble de 80 hectares situé à 700m d’altitude, cette entreprise familiale depuis 1469 se consacre à la production de cépages autochtones siciliens, dont le perricone, l’une des variétés les plus rares (100 ha) et les plus anciennes de l’île. D’ailleurs, la préservation du patrimoine variétal représente bien souvent un leitmotiv chez les producteurs de vins bios, quelle que soit leur provenance. C’est le cas, par exemple, en Bulgarie, même si la viticulture biologique doit encore y faire une véritable percée. « A l’heure actuelle, on ne compte que deux producteurs 100% bio en Bulgarie et une troisième société qui proposent des vins bios dans sa gamme », précise Andrea Azzolini, responsable commercial chez Neragora, dont les 72 hectares de vignes sont entièrement certifiés. « L’avantage de la Bulgarie, c’est que la main d’œuvre est peu chère et cela nous permet de proposer des vins bios à des tarifs plus intéressants que nos concurrents italiens par exemple ».

 

L’Espagne très compétitive

En matière de prix, l’Espagne est, elle aussi, particulièrement bien placée. Grâce à d’importantes structures de production de vins bios, proposant souvent des dizaines de milliers d’hectolitres, l’Espagne est capable de réaliser des économies d’échelle et d’offrir à la fois quantité et qualité à des prix défiant toute concurrence. « Nous pouvons proposer des vins bios à moins de 2 euros la bouteille donc nous sommes plus compétitifs que la France », déclare Eric Alcolea, responsable export chez Hermanos Delgado dans la région de Castille la Manche. Avec son vignoble de 300 hectares entièrement certifiés en bio, la société commercialise entre 25 et 30 000 hl de vins ainsi que 10 000 hl de moûts frais bios. Ces derniers sont achetés par une société française basée à Orliénas, Alain Milliat, pour être vendus comme jus de raisin. Quant aux vins, ils sont importés en France par la Cave Bio, et depuis peu par la société Terroirs Vivants dans le Languedoc. « Actuellement, l’Europe est notre marché le plus dynamique, surtout la France et l’Allemagne. Nous n’avions pas anticipé une si forte progression et acceptation des vins bios espagnols en France ». Le prix n’y est sans doute pas étranger, et Jacques Frelin, fondateur et directeur général de Terroirs Vivants et vice-président de Sudvinbio, reconnaît que les produits espagnols sont extrêmement compétitifs, notamment en entrée de gamme.

 

De nouvelles conversions nécessaires pour faire face à la demande

Pour lutter contre cette concurrence et permettre aux vins bios français de suivre l’évolution positive du marché, Jacques Frelin estime qu’il faudra de nouveau encourager les conversions en agriculture biologique. « Une vague de vins bios issus des dernières conversions est arrivée sur le marché il y a environ 2 ans. Mais ils sont en train d’être absorbés et ne rencontrent pas de problèmes de commercialisation. Le marché bio continue de se développer. En l’absence de nouvelles conversions, on pourrait manquer des vins bios dans certaines catégories d’ici quelques années. Et puis, cela permet de sélectionner les qualités nécessaires ». En dehors de la France, la volonté de développer la production de vins bios est palpable. C’est le cas dans plusieurs régions italiennes, dont la Vénétie et les Abruzzes. La société Corvezzo qui élabore du prosecco à partir d’un vignoble de 160 ha, prévoit d’être la plus grande cave bio de toute l’Italie du Nord l’année prochaine. « La production bio, tous produits confondus, se développe beaucoup en Vénétie », confirme Luca d’Andrea, responsable export. « Dans le monde entier, tout le monde veut consommer des produits plus sains, c’est logique. Pour notre part, nous n’avons pas besoin du logo bio, le nom prosecco se vend tout seul. Nous sommes en bio pour protéger l’environnement ».

 

Une technologie de pointe

Plus au Sud, dans les Abruzzes, le discours est le même. « Notre objectif est de faire passer l’ensemble de notre production en biodynamie d’ici 2020 », affirme Roberta Cicchitti, responsable commerciale de la cave coopérative Orsogna. Avec ses 1 100 ha de vignes, dont 80% déjà certifiées en bio, la cave élabore plus de 100 000 hl de vins bios déjà et tente de convaincre d’autres producteurs de rejoindre les 700 adhérents existants. « Nous sommes la première cave en Italie et peut-être dans le monde à conditionner en BIB un vin issu de raisins cultivés en biodynamie », argumente-t-elle. La cave entend aussi être à la pointe en matière de techniques viticoles, démontrant le chemin technologique parcouru par la viticulture biologique ces dernières années. « Nos vignes se situent à des endroits très variés, allant du niveau de la mer jusqu’à 500m d’altitude avec des besoins très différents en matière de surveillance et de traitements. Nous utilisons donc des drones pour vérifier l’état sanitaire des vignes en permanence ».

 

L’amateurisme n’est pas permis

Côté commercial, on est loin aussi des stéréotypes d’antan même si Guillaume Bousquet, du Domaine Bousquet en Argentine, estime qu’il y a encore des progrès à faire. « Beaucoup de viticulteurs bio ont une vision commerciale qui n’est pas en adéquation avec le marché. Pour les acheteurs, il s’agit de faire des affaires. Il faut être capable d’identifier les bonnes cibles. Lorsqu’on dispose d’un bon réseau commercial, les ventes décollent et le prix n’est pas l’élément le plus important ». Les producteurs bios se retrouvent effectivement souvent face à des géants comme les monopoles scandinaves ou canadiens, actuellement très demandeurs de vins bios, y compris en BIB. Le nombre d’importateurs n’est pas, non plus, illimité. « Le nombre d’importateurs de vins bios n’augmentent pas alors que celui des producteurs progresse », note Roberto Izquierdo, responsable export auprès de la cave coopérative Bodega de Pinosa, à Alicante en Espagne, dont le vignoble en bio s’étend sur 900 ha. « Il est difficile de trouver de nouveaux importateurs. La demande n’augmente pas assez vite pour en attirer d’autres ».

 

Les circuits commerciaux bio et conventionnels commencent à se rejoindre

Néanmoins, ce frein ne semble entraver ni le développement du marché ni de nouvelles orientations. « Jusqu’à présent, les circuits bio et conventionnel ne se mélangeaient pas beaucoup », affirme Sebastian Beemelmans, responsable export chez Peter Riegel, pionnier dans l’importation de vins bios en Allemagne. « Désormais, les GMS conventionnelles allemandes commencent à développer un vrai rayon bio. On assiste de plus en plus à la mise en place du concept de ‘magasin dans un magasin’. C’est chic et beau. Il faut que le rayon soit attirant et convaincant – c’est le cas en Allemagne mais pas en France ». Dans le même temps, Sebastian Beemelmans, dont la société propose 1 000 références en vins bio dont certaines sont réexportées vers d’autres pays européens depuis l’Allemagne, note l’agrandissement du rayon bio dans les magasins spécialisés. « Les magasins bio étendent leur sélection de vins parce que les marges sont meilleures sur les vins que sur d’autres produits. Les prix y sont moins serrés que dans les GMS mais il y a des limites quand même ». Le marché allemand des vins bios s’est beaucoup développé au cours des 5 dernières années et le label Demeter y a le vent en poupe. Peter Riegel annonce une progression de 15% de son activité en 2015 et prévoit +8% en 2016.

 

Développement à deux chiffres aux USA

Autre grand marché en développement, les Etats-Unis, notamment New York, le New Jersey et la Californie. « Le marché américain renoue avec la croissance, comme l’économie mondiale », observe Andrés Gillmore, directeur commercial auprès de Vina Emiliana au Chili qui compte 850 hectares de vignes certifiées bio. « Nous prévoyons une hausse de 15% de notre activité aux USA en 2016. Une faible production bio domestique nous y aide ». Et de préciser les autres créneaux actuellement porteurs pour cette entreprise qui commercialise 12 millions de litres par an, dont 92% à l’export : « Les BIB en bio fonctionnent très bien sur les marchés scandinaves. Nous enregistrons une croissance à deux chiffres globalement en Europe du Nord et même en France, la notoriété des vins bios se développe et les cavistes s’intéressent de plus en plus à l’offre étrangère en bio ».

Autant dire que les vins bios n’ont pas fini d’attirer de nouveaux adeptes... 

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