La Cave de Lugny, en Saône-et-Loire (71), est spécialisée dans la production de vins blancs du mâconnais - Mâcon village et Mâcon-Lugny – mais aussi de Crémant de Bourgogne. En 2012, son conseil d'administration a décidé la mise en place d'une nouvelle politique : la recherche d'une meilleure valorisation de ses vins, par une montée en gamme. « Nous subissions depuis le début des années 2000 une déflation permanente de nos vins, vendus sous les 5€ en grande distribution, qui ne permettait plus de faire vivre nos viticulteurs, justifie Edouard Cassanet, directeur ; nous vendions de gros volumes, mais ils perdaient de l'argent !». L'objectif fixé alors par la direction : que le prix de vente consommateur en GD dépasse la barre des 6€.
Trois ans plus tard, l'heure est au satisfecit: sur la période, les prix moyens des vins ont tous été rehaussés. A titre d'exemple, celui des Mâcon-villages a progressé de 35% à 40%, selon les vins et les marchés. « Un Mâcon-Lugny qui se vendait en 2012 à 10$ aux Etats-Unis se valorise aujourd'hui à 15$ », indique le directeur. Une sacrée augmentation donc, accélérée par la succession des trois petites récoltes 2012, 2013 et 2014, impliquant une moindre disponibilité de l'offre.
Cette importante revalorisation a par ailleurs permis un quasi-maintien du chiffre d'affaires et ce, malgré les fortes baisses de volumes commercialisés, 20% en moins pendant trois ans. Sur le dernier exercice 2014-2015, le chiffre d'affaires a atteint 30 millions €, soit une légère baisse de 4% par rapport à l'exercice précédent.
« Mais il était important d'accompagner cette augmentation de prix et de le justifier auprès de nos clients, tient à ajouter le directeur. C'est pourquoi nous avons également mis en place une nouvelle politique de qualité ».
La nouvelle "politique qualité" et les nouveautés dans la gammeCelle-ci s'est traduite par la sélection et le lancement de nouvelles cuvées plus « haut-de-gamme ». La gamme a été étoffée, et va continuer de l'être, avec le lancement prévu de nouveaux produits d'ici quelques mois. A terme, la cave produira six crémants distincts, dont deux qui seront mis sur le marché prochainement. Le premier, pour fin 2015: un « Blanc de Noirs », résultant d'un assemblage de Pinot noir et Gamay. Le second : une cuvée vieillie sur lattes pendant trois ans. A ce jour, la Cave commercialise environ un million de bouteilles de crémant.
S'agissant des vins tranquilles, l'entreprise a lancé en mai 2015 une cuvée 100% chardonnay « Coeur de Charmes », en appellation Mâcon-Lugny, issue d'une sélection parcellaire au sein de la parcelle « Les Charmes ». L'idée de cette cuvée : créer une « vitrine » pour la cave. 30.000 bouteilles ont été produites et mises sur le marché en mai 2015. En octobre, tout était vendu. Son prix de vente : 13,90€, distribuée auprès du circuit traditionnel.
Pour « justifier » son nouveau positionnement, l'entreprise s'est également engagée dans la démarche « Vigneron Développement Durable », label acquis en décembre 2014. Elle attend par ailleurs avec impatience l'obtention de l'appellation village « Lugny » pour son appellation « Mâcon-Lugny », dossier actuellement entre les mains de l'INAO.
Et pour l'avenir?La cave envisage désormais de stabiliser « dans la durée » son positionnement prix. Elle compte, par ailleurs, « pousser » les ventes de crémants, le marché mondial actuel étant « très porteur » et cet axe étant « stratégique » pour la cave.
L'entreprise a également pour projet d'investir 1,5 millions d'euros dans une nouvelle cuverie, dès début 2016. « Nous avons désormais les moyens de réinvestir...commente Edouard Cassanet. C'est le premier gros projet que nous lançons depuis 2008 ! ».
La Cave de Lugny compte 232 domaines adhérents, pour une surface de 1435 hectares de vigne, dont 1200 ha en Chardonnay. Elle produit en moyenne 90.000 à 95.000 hectolitres de vin, dont 70% sont transformés en bouteilles - soit environ 6 millions de cols - et 30% vendus en vrac au négoce local. 48% des volumes sont commercialisés à l'export sur les marchés britannique, américain, Bénélux et australien. Le reste est écoulé sur le marché français, en majorité via la grande distribution.