a réunion a fait le plein. Le 26 juillet, pas moins de 75 producteurs se sont retrouvés à Lugny (Saône-et-Loire) pour lancer le chantier du passage en appellation communale.
Pour l'instant, Lugny est un nom de commune complémentaire de l'AOC Mâcon. 750 ha sont ainsi dédiés à la production de Mâcon-Lugny. Mais les producteurs veulent monter dans la hiérarchie des vins de Bourgogne.
Le 26 juillet, ils se sont organisés en syndicat. Ils ont aussi élu les représentants de chacune des sept communes de l'aire de Mâcon-Lugny au sein du comité chargé de présenter un projet de délimitation à l'Inao.Pascal Gaguin, président de ce comité et du nouveau syndicat, espère pouvoir remettre dès « l'an prochain » un premier dossier à l'Inao.
« Il faut que cette reconnaissance apporte de la valeur ajoutée pour l'ensemble de la Bourgogne, y compris le négoce ! » a souligné Christelle Mercier, la déléguée de l'unité centre-est de l'Inao. C'est peut-être là que le bât blesse.
« Les négociants sont des gens polis. Mais le projet de créer l'appellation Lugny ne provoque pas d'enthousiasme béat chez eux », a expliqué Michel Baldassini, président délégué de l'interprofession (BIVB) et, il y a peu, président de la cave de Lugny, le plus gros récoltant de Mâcon-Lugny.
En effet, les négociants anticipent une réduction des volumes sous l'effet de l'adoption inéluctable de conditions de production plus restrictives qui pourrait créer des tensions sur les cours. Ils redoutent aussi la disparition du nom Mâcon. Pour les convaincre, Michel Baldassini demande à l'Inao une période transitoire « pour leur permettre d'utiliser Mâcon-Lugny et/ou Lugny seul ».
Entre 2005 et 2011, 16 000 hl/an de Mâcon-Lugny sont sortis des chais en moyenne. La maison Louis Latour, principal acheteur, en met en marché près de 10 000 hl/an à elle seule.
En fin de réunion, Emmanuel Nonain, consultant spécialisé dans les terroirs et l'histoire viticole de la Bourgogne, a présenté son étude sur les atouts de Lugny. L'appellation pourrait représenter 750 ha au maximum. En terme de superficie, elle dépassera certainement Meursault (400 ha), Montagny (350 ha) ou encore Bouzeron (40 ha) ; sera proche de Pouilly-Fuissé (750 ha) mais très loin d'égaler Chablis avec ses 4 096 ha !
Le consultant a rappelé que le chardonnay domine (742 ha plantés) de loin devant le pinot (63 ha) ou le gamay (18 ha).
L'aire plantée « se situe entre le quatrième et le deuxième chaînon calcaire du Mâconnais en partant de la Saône », a-t-il expliqué. Le chaînon de Lugny est le « plus long » avec 115 ha en coteaux du levant, 43 ha en crays et 267 ha de plateaux.
Enfin, Emmanuel Nonain a évoqué les premières archives - de négociants et caves - mentionnant dès 1948 des vins étiquetés « Mâcon Lugny ».